Pékin (awp/afp) - La Chine a suspendu mardi la publication mensuelle de ses chiffres détaillés de chômage chez les jeunes, qui avaient atteint un niveau record ces derniers mois, après une nouvelle série d'indicateurs économiques décevants pour juillet.

Ces mauvais chiffres accentuent la pression pour un vaste plan de relance dans la deuxième économie mondiale, dont l'état de santé du gigantesque secteur immobilier préoccupe les marchés.

L'activité est particulièrement pénalisée ces derniers mois par les déboires de plusieurs promoteurs et leur surendettement astronomique, par la confiance en berne des consommateurs et le ralentissement économique mondial, qui pèse sur la demande en biens chinois et donc sur l'activité.

Le mois dernier, le taux de chômage pour l'ensemble de la population active a ainsi légèrement augmenté par rapport à juin pour atteindre 5,3%.

La Chine a décidé mardi de ne plus publier de chiffres détaillés pour les 16-24 ans, après un niveau record en juin dans la deuxième économie mondiale (21,3%).

"La publication du taux de chômage des jeunes est suspendue", a sobrement déclaré devant la presse un porte-parole du Bureau national des statistiques, Fu Linghui.

En Chine, le taux de chômage est calculé pour les seules zones urbaines et ne dresse par conséquent qu'un tableau partiel de la situation.

Consommation atone

Dans ce contexte, les ventes au détail, principal indicateur de la consommation des ménages, ont seulement progressé de 2,5% sur un an le mois dernier, selon des chiffres officiels du Bureau national des statistiques (BNS).

Des analystes sondés par l'agence Bloomberg s'attendaient à une accélération (3,6%), après une augmentation de 3,1% en juin de cet indice très suivi par les marchés.

Ce niveau reste très loin de celui d'avril (+18,4%) lorsque les ventes au détail avaient réalisé leur plus forte progression de l'année, galvanisées alors par la reprise post-Covid et le retour des Chinois dans les principaux lieux de loisirs (restaurants, lieux touristiques, centres commerciaux...).

Signe désormais d'un essoufflement de la reprise, les prêts aux ménages ont atteint le mois dernier leur niveau le plus faible depuis 2009, selon des chiffres publiés vendredi.

Pour soutenir l'activité, la banque centrale chinoise a abaissé mardi un taux de référence pour les prêts à moyen terme, faisant passer son taux d'intérêt pour les prêts à un an aux établissements financiers (MLF) à 2,50%, contre 2,65% auparavant.

Cette mesure permet de réduire les coûts de financement des banques commerciales pour les encourager à accorder davantage de crédits, à des conditions plus favorables.

Dette abyssale

La production industrielle a également ralenti en juillet (+3,7% sur un an), contre 4,4% un mois plus tôt.

Les analystes anticipaient un tassement plus modéré (4%).

Pour sa part, l'investissement en capital fixe a ralenti à +3,4% sur un an sur les sept premiers mois de l'année.

C'est son rythme de croissance le plus faible depuis 2020.

Cet indicateur est le reflet des dépenses consacrées à l'immobilier, aux infrastructures, aux équipements ou encore aux machines, des secteurs sur lesquels le gouvernement s'est appuyé dans le passé pour stimuler l'activité.

Les mauvais chiffres de mardi sont publiés au moment où les marchés scrutent le secteur immobilier, qui avec celui de la construction a longtemps représenté le quart du PIB (Produit intérieur brut) de la Chine.

L'un des plus gros promoteurs du pays, Country Garden, est ces derniers jours sous les projecteurs. Longtemps réputé solide financièrement, le groupe a été incapable la semaine dernière de s'acquitter de deux remboursements d'intérêts sur des emprunts.

Il dispose d'un délai de grâce de 30 jours et risque un défaut de paiement en septembre s'il ne paie pas.

Cette situation rend nerveux les marchés car Country Garden estimait sa dette à quelque 1.152 milliards de yuans (150 milliards d'euros) fin 2022. Un montant abyssal, que l'agence Bloomberg juge bien plus important, à environ 1.400 milliards de yuans (176 milliards d'euros).

afp/al