Les principales banques centrales envisagent avec nervosité la fin des hausses agressives de taux d'intérêt, alors que les pressions sur les prix montrent enfin des signes d'apaisement.

L'inflation reste élevée dans le monde entier, mais dans certaines grandes économies, elle s'est ralentie plus rapidement que prévu.

Les décisions à venir sont sur le fil du rasoir. Une pause trop précoce pourrait entraîner un assouplissement trop rapide des conditions financières, ce qui relancerait les pressions inflationnistes. Une pause trop tardive pourrait entraîner un resserrement du crédit et une profonde récession.

À ce jour, neuf économies développées ont relevé leurs taux d'un total de 3 840 points de base (pb) au cours de ce cycle. Le Japon est le seul à ne pas avoir augmenté ses taux.

Voici un aperçu de la situation des banques centrales, classées en fonction de l'ampleur des hausses de taux qu'elles ont opérées depuis le début du cycle.

1) ÉTATS-UNIS

La Réserve fédérale a relevé ses taux de 25 points de base le 26 juillet pour les porter dans une fourchette de 5,25 % à 5,5 %, ce qui constitue sa 11e hausse de taux au cours de ses 12 dernières réunions.

Le président de la Fed, Jerome Powell, a laissé la porte ouverte à d'autres hausses, mais le marché n'était pas convaincu, les prix du marché monétaire laissant entendre que les traders pensaient qu'il s'agissait de la dernière hausse de ce cycle.

2) NOUVELLE ZÉLANDE

Après avoir relevé son taux d'escompte à 5,5 % en mai, son plus haut niveau depuis 14 ans, la Banque de réserve de Nouvelle-Zélande l'a maintenu en juillet.

Cela pourrait avoir marqué la fin d'un cycle de 20 mois de hausse. Les économistes interrogés par Reuters s'attendent à ce que la RBNZ maintienne son taux directeur jusqu'à la fin de l'année 2023.

3) BRETAGNE

La Banque d'Angleterre se réunit le 3 août. Les attentes d'une forte augmentation des taux ont diminué après que les dernières données ont montré que l'inflation est tombée à un niveau plus faible que prévu de 7,9 % en juin. La BoE a relevé ses taux de 50 points de base à 5 % en juin, leur plus haut niveau depuis 2008, ce qui a fait grimper les taux hypothécaires britanniques à leur plus haut niveau depuis 15 ans.

Toutefois, le fait que l'inflation ait peut-être atteint son maximum signifie que les marchés ont revu à la baisse les prévisions antérieures selon lesquelles les taux britanniques dépasseraient les 6 %.

4) CANADA

Le 12 juillet, la Banque du Canada a relevé ses taux à 5 %, leur plus haut niveau depuis 22 ans. Le procès-verbal de cette réunion a montré que les décideurs politiques avaient discuté du report de l'augmentation des taux, mais ont décidé qu'ils ne pouvaient pas risquer un rebond de l'inflation.

Le taux d'inflation au Canada est tombé à 2,8 % en juin. La Banque du Canada ne s'attend pas à ce qu'il retombe à son objectif de 2 % avant le milieu de l'année 2025.

5) ZONE EURO

La Banque centrale européenne a relevé jeudi son taux de dépôt de 25 points de base à 3,75 %, son niveau le plus élevé depuis 2000.

Elle a gardé ses options ouvertes quant à la nécessité de nouvelles augmentations pour lutter contre l'inflation obstinément élevée, mais a retiré de sa déclaration de politique générale une allusion claire à d'autres augmentations, ce qui signifie qu'une autre augmentation lors de la prochaine réunion en septembre ne devrait pas être considérée comme acquise.

6) AUSTRALIE

La banque centrale australienne a maintenu son taux directeur à 4,1 % en juillet, son plus haut niveau depuis 11 ans, et le ralentissement de l'inflation au deuxième trimestre a atténué la pression en faveur de nouvelles hausses.

Les marchés estiment qu'il n'y a qu'une chance sur quatre d'une nouvelle hausse en août, l'avant-dernière réunion du gouverneur Philip Lowe avant d'être remplacé par le vice-gouverneur Michele Bullock en septembre.

7) NORVÈGE

L'inflation de base en Norvège a atteint un nouveau record de 7% en juin, ce qui signifie que le cycle de resserrement n'est pas encore terminé.

La Norges Bank a relevé ses taux de 50 points de base, plus que prévu, pour atteindre 3,75 %, son niveau le plus élevé depuis 15 ans, en juin, et une nouvelle hausse est attendue en août.

8) SUÈDE

La Riksbank suédoise devrait continuer à augmenter ses taux, même si les prix de l'immobilier ont baissé de 20 % depuis mars 2022.

L'inflation s'est ralentie à 6,4% en juin, toujours bien au-dessus de son objectif de 2%. Les marchés estiment à 80 % la probabilité d'une hausse des taux de 25 points de base en septembre, après que la Riksbank ait resserré ses taux du même montant, à 3,75 %, en juin.

9) SUISSE

Les investisseurs sont divisés sur la question de savoir si la Banque nationale suisse relèvera à nouveau ses taux d'intérêt, après que l'inflation ait baissé à 1,7 % en juin.

La BNS a augmenté ses taux à 1,75 %, contre -0,75 % en juin de l'année dernière. Les marchés pensent qu'il y a 50 % de chances qu'une augmentation de 25 points de base ait lieu en septembre, et autant de chances qu'elle soit maintenue.

10) JAPON

La Banque du Japon, la banque centrale la plus dovish du monde, conclut une réunion de deux jours vendredi. Tous les regards sont tournés vers le gouverneur Kazuo Ueda pour savoir s'il succombera à 15 mois d'inflation supérieure à l'objectif et s'il resserrera enfin sa politique.

La semaine dernière, Reuters a rapporté que la banque centrale penchait en faveur d'un maintien du cadran sur la position dovish.