Berne (awp) - La Banque nationale suisse (BNS) a poursuivi au troisième trimestre sa politique destinée à juguler l'inflation importée. Entre juillet et septembre, l'institut d'émission a vendu pour 37,63 milliards de francs suisses de devises, un peu moins que les quelque 40 milliards du deuxième partiel, mais davantage que le 32,26 milliards du premier, selon le communiqué publié vendredi.

Encore récemment, les interventions sur le marché de devises de la BNS visaient à alléger le bilan de celle-ci, la vente permettant de lutter contre le renchérissement importé.

En novembre, l'inflation a ralenti en Suisse à 1,4% sur un an, après s'être inscrite à 1,7% le mois précédent, grâce notamment à la poursuite de la baisse des prix du pétrole. Mi-décembre, le président de la BNS, Thomas Jordan, a indiqué que la priorité n'irait plus la vente de devises, un "changement majeur" dans sa communication comparé aux derniers trimestres.

Cette annonce est intervenue alors que franc fort redevient une thématique de premier plan. Jeudi, l'euro a chuté 0,92575 franc, une faiblesse pratiquement jamais enregistrée par la monnaie communautaire. Il faut remonter au 15 janvier 2015 pour trouver l'euro encore plus bas - 85,80 centimes, un niveau historique - dans le sillage de la décision de la BNS d'abandonner le taux plancher fixé alors à 1,20 franc afin de soutenir les exportations.

Vers 09h50 vendredi, un euro s'échangeait contre 0,9303 franc.

Le dollar s'affaiblit

La monnaie helvétique s'est également raffermie face au dollar, le billet vert ayant reculé à 83,3 centimes il y a quelques jours et valant 84,11 centimes à 9h50 ce vendredi. Le plancher historique reste à bonne distance, toutefois. La devise américaine avait plongé à 70,7 centimes en août 2011. Elle avait passé pour la première fois sous la parité en mars 2008, dans le sillage de la crise financière.

Traditionnelle valeur refuge, la devise helvétique se renforce en raison des baisses des taux directeurs des banques centrales attendues par les marchés, maintenant que la poussée inflationniste semble circonscrite.

La BNS s'ingéniait depuis de nombreuses années à acheter massivement des devises afin de lutter contre le franc fort. Le point de bascule est intervenu au deuxième trimestre 2022 après l'éclatement du conflit en Ukraine.

Pour la première fois depuis des années, les ventes ont ainsi dépassé les achats à hauteur de 5 millions de francs suisses, puis 739 millions au troisième partiel et 27,328 milliards au quatrième. Le pic a été atteint au deuxième trimestre 2023, à 40,31 milliards.

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