Washington (awp/afp) - Le vice-président de la Fed Philip Jefferson a confirmé jeudi que la Réserve fédérale américaine pensait commencer à baisser les taux directeurs "à un moment donné cette année", mettant cependant en garde contre une surconsommation potentiellement inflationniste.

"Si l'économie évolue globalement comme prévu, il sera probablement approprié de commencer à desserrer la rigueur politique à un moment donné cette année", c'est-à-dire commencer à abaisser les taux, a déclaré Philip Jefferson dans un discours devant le Peterson Institute of International Economics (PIIE).

Le numéro deux de la banque centrale américaine a précisé que la croissance des dépenses et de la production aux États-Unis devrait en effet ralentir en 2024.

"Néanmoins, sans comprendre clairement pourquoi les dépenses de consommation ont été si résilientes, je considère la vigueur continue des dépenses comme un risque à la hausse important pour mes prévisions", a-t-il souligné.

Les ménages américains ont en effet continué à consommer en 2023, malgré un pouvoir d'achat réduit, d'un côté par l'inflation, de l'autre par les hausses de taux.

Le responsable a ainsi notamment évoqué une consommation motivée socialement par l'envie de posséder la même chose, voire mieux que le voisin.

Il a utilisé une référence très connue aux États-Unis, "Keeping up with the Joneses", du nom d'une bande dessinée du début du XXe siècle, qui raconte une famille engagée dans une course à l'échalote pour posséder la même chose que ses voisins.

Cela "pourrait amener les individus à consommer plus que ce que prédisent les modèles qui ne prennent en compte que la richesse et les revenus des ménages".

Une consommation trop forte risque de ralentir les progrès réalisés en matière d'inflation.

L'une des mesures d'évolution des prix, l'indice CPI, sur lequel sont indexés les retraites, s'est inscrit plus haut que prévu en janvier, à 3,1% sur un an.

"Ce chiffre décevant du CPI souligne que le processus de désinflation sera probablement cahoteux", a averti M. Jefferson.

Il a par ailleurs évoqué deux autres risques: un marché de l'emploi qui faiblirait trop et "les risques géopolitiques (qui) pourraient rester élevés".

Ainsi "une extension du conflit au Moyen-Orient pourrait avoir des effets plus importants sur prix des matières premières (...) et sur les marchés financiers mondiaux", a estimé le responsable de la Fed.

L'institution monétaire, après avoir relevé ses taux depuis mars 2022 jusqu'à 5,25%-5,50%, envisage désormais de les abaisser.

Mais ses responsables privilégient une approche prudente, et jugent peu probable de commencer dès la prochaine réunion, en mars.

afp/rp