PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en nette baisse jeudi et Wall Street était également orientée dans le rouge à mi-séance sur fond d'envolée des rendements obligataires, les derniers indicateurs macroéconomiques, notamment l'emploi américain, plaidant pour un nouveau durcissement de la politique monétaire des banques centrales.

À Paris, le CAC 40 a fini en repli de 3,13% à 7.082,29 points, sa plus forte baisse depuis le 15 mars. Le Footsie britannique a reflué de 2,17% et le Dax allemand a cédé 2,57%.

L'indice EuroStoxx 50 a fléchi de 2,93% et le FTSEurofirst 300 de 2,44%. Le Stoxx 600 a abandonné 2,34%, son plus important repli depuis le 13 mars, durant la dernière crise bancaire.

Déjà sous tension après la publication du compte rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine qui suggère de nouvelles hausses des taux d'intérêt, les rendements des emprunts d'Etat à court terme en Europe ont renoué jeudi avec leur plus haut depuis la crise financière de 2008.

Ils ont été dopés par les anticipations d'un resserrement monétaire prolongé, la résistance du marché du travail aux Etats-Unis, au regard de l'enquête ADP sur les créations de postes dans le secteur privé, offrant des arguments à la Fed pour relever encore ses taux dont l'objectif est actuellement de 5,00%-5,25%.

La présidente de la Fed de Dallas, Lorie Logan, membre votante du FOMC de la banque centrale américaine, a déclaré jeudi "qu'il aurait été tout à fait approprié" d'augmenter les taux lors de la réunion de juin où a finalement été décidé une pause.

Pour Randy Frederick, directeur du trading et des dérivés chez Charles Schwab, le chiffre de 497 .000 créations de postes en juin publié par ADP, presque le double de ce qui était prévu, implique potentiellement d'autres hausses de taux à venir.

Le taux des emprunts d'Etat allemands à deux ans, référence pour l'ensemble de la zone euro, a ainsi touché un pic à 3,393%, dépassant son précédent plus haut atteint lors de la crise bancaire au mois de mars, pour établir un record de 15 ans.

Aux Etats-Unis, celui des Treasuries de même échéance bondissait de 10,1 points de base, à 5,0543%, à la clôture des Bourses en Europe, alors que les marchés monétaires tablent désormais avec une probabilité de 95% sur un hausse d'un quart de point des taux de la Fed ce mois-ci contre une probabilité de 90,5% la veille, selon le baromètre Fed Watch de CME Group.

Signe de la nervosité, l'indice mesurant la volatilité aux Etats-Unis a grimpé de 17,06% à 16,6 points, tandis que son équivalent européen a fini en hausse de 25,72%, à 19,22 points.

VALEURS

Les secteurs européens du luxe (-3,40%) et des nouvelles technologies (-2,99%), exposés aux tensions entre les Etats-Unis et la Chine, ont continué de pâtir de la décision de Pékin d'imposer des restrictions sur les exportations de métaux utilisés dans la fabrication de semi-conducteurs alors que la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, est arrivée jeudi en Chine pour une visite de quatre jours.

Dans les valeurs individuelles, l'action Publicis, volatile pendant la séance sur des informations d'un possible intérêt de Vincent Bolloré, a fini en repli de 1,93%.

La levée de fonds d'Embracer dans le cadre d'une émission d'actions à prix réduit a été sanctionnée avec une baisse de l'action de 13,78%.

A WALL STREET

Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones recule de 1,33%, le Standard & Poor's 500 de 1,15% et le Nasdaq de 1,34%.

Les 11 principaux secteurs du S&P-500 sont dans le rouge, les valeurs technologiques (-0,81%) accusant l'un des plus importants replis.

Résistant à la tendance baissière, Meta Platforms est globalement stable (-0,19%) au lendemain du lancement de Threads, une application destinée à concurrencer Twitter et sur laquelle 30 millions de personnes se sont déjà inscrites selon Mark Zuckerberg.

LES INDICATEURS DU JOUR

L'indice ISM des services aux Etats-Unis est ressorti en juin à 53,9 contre 50,3 un mois plus tôt, sous l'effet d'un rebond des nouvelles commandes, malgré la tentative de la Fed de freiner la demande.

Les ventes au détail en zone euro sont restées en mai au même niveau qu'en mars et avril, selon les données d'Eurostat.

Les commandes à l'industrie en Allemagne ont augmenté beaucoup plus que prévu en mai, de 6,4% sur un mois, après un mois d'avril relativement stable, montrent les données de l'Office fédéral de la statistique.

CHANGES

Face à un panier de devises de référence, le dollar a effacé (-0,09%) à la clôture des marchés en Europe pratiquement l'ensemble de ses pertes de la matinée après la publication de l'enquête ADP sur l'emploi américain.

L'euro s'affiche à 1,0867 dollar (+0,15% et la livre sterling à 1,2711 dollar (+0,06%).

PÉTROLE

La perspective d'une nouvelle hausse des taux aux Etats-Unis pèse sur le marché pétrolier, ce qui pourrait entraîner une récession et une baisse de la demande: le Brent abandonne 1,17% à 75,75 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 1,09% à 71,01 dollars.

(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Jean-Stéphane Brosse)

par Claude Chendjou