New York (awp/afp) - Le dollar est nettement remonté, jeudi, dans le sillage des taux obligataires américains, profitant également d'une brutale décélération de l'inflation en Europe.

Vers 21H30 GMT, le billet vert prenait 0,75% face à la monnaie unique, à 1,0888 dollar pour un euro. Il a également brillé face à la livre (+0,55%) et au yen (+0,65%).

Selon George Vessey, de Convera, le "buck", l'un des surnoms de la monnaie américaine, a d'abord bénéficié du coup de frein de l'inflation en zone euro, qui est tombée à 2,4% sur un an en novembre, contre 2,9% le mois précédent.

"A ce rythme, le marché va bientôt se rallier à notre prévision d'une baisse de taux (de la Banque centrale européenne) dès mars", a commenté, dans une note, Claus Vistesen, de Pantheon Macroeconomics, qui a surtout retenu la décélération de l'inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie), à 3,6% (contre 4,2% précédemment).

"La BCE ne va pas aimer ça, mais avec une inflation sous-jacente qui ralentit de cette façon, ils n'auront pas le choix", a-t-il ajouté.

Le "greenback", l'un des surnoms du dollar, a aussi pu compter sur un sursaut des taux obligataires américains. Après quatre séances de détente, le rendement des emprunts des Etats-Unis à 10 ans s'est brutalement redressé, à 4,33%, contre 4,25%.

"C'était le moment d'une prise de bénéfices" sur le marché obligataire (dont les prix évoluent en sens opposé des taux), "qui avait beaucoup monté" et était mûr pour une correction, a expliqué Juan Manuel Herrera, de Scotiabank.

Ce mouvement des taux a plus que compensé l'effet de la publication de l'indice de prix PCE, qui a témoigné d'une accalmie sur le front de l'inflation aux Etats-Unis également, à 3% sur un an en octobre, contre 3,4% en septembre.

Les opérateurs ont fait évoluer leurs anticipations et accordent désormais une probabilité quasiment équivalente au scénario débouchant sur quatre baisses de taux de la Fed en 2024 et à celui qui en comprend cinq, alors que ce dernier prévalait encore mercredi.

"L'économie américaine continue de croître à un rythme plus élevé que sa tendance de long terme alors que le reste du monde va vers une récession", a fait valoir Win Thin, de Brown Brothers Harriman.

"Et les pressions sur les prix demeurent suffisamment persistantes pour que la Fed ne puisse pas réduire ses taux aussi tôt que ne le pense le marché", a-t-il poursuivi.

Le président de la Fed, Jerome Powell, doit faire deux interventions, vendredi.

"Je pense qu'il va être offensif, parce que, depuis la dernière réunion de la Fed (le 1er novembre), le marché obligataire a beaucoup monté (et les taux ont baissé mécaniquement), ce qui a amélioré les conditions de crédit" et favorisé, potentiellement, l'inflation, explique Juan Manuel Herrera. "Il va vouloir calmer les attentes de baisses de taux."

        Cours de jeudi Cours de mercredi

        21H30 GMT               22H00 GMT

EUR/USD 1,0888                  1,0969

EUR/JPY 161,36                  161,52

EUR/CHF 0,9530                  0,9586

EUR/GBP 0,8623                  0,8640

USD/JPY 148,20                  147,24

USD/CHF 0,8753                  0,8739

GBP/USD 1,2626                  1,2695

afp/rp