D’après les derniers sondages sortis des urnes, David Cameron, chef de file du parti Conservateur des Tories, serait en passe de devenir le nouveau premier ministre britannique. La nouvelle aurait sans doute permis à la devise du Royaume de s’apprécier si seulement elle n’était pas assortie de perspectives particulièrement sombres.

En effet, il semble maintenant entériné que le nouveau gouvernement ne bénéficiera pas d’une majorité absolue (50% des sièges + 1), Cameron n’étant pas parvenu à obtenir les 326 sièges nécessaires à l’atteinte de cet objectif sur les 650 circonscriptions sollicitées. Cette configuration, appelée Parlement suspendu, ne s’était pas produite outre-Manche depuis 1974.

Elle laisse d’abord la possibilité à Gordon Brown de tenter de former une coalition pour conserver le pouvoir. Si cette hypothèse est peu probable au vu du score du Labour, sa démission placerait néanmoins le pays dans une situation de blocage politique où le gouvernement minoritaire des Tories aurait davantage de mal à légiférer.

La seule alternative serait que Cameron envisage à son tour un gouvernement de coalition mais sa mise en place nécessiterait probablement plusieurs semaines de tractations entre partis. Dans le contexte actuel de crise souveraine qui n’épargne pas la Grande-Bretagne, affichant un fort déficit public, cette instabilité tombe mal et la sanction des marchés parait irrévocable à moyen terme.

Sur le marché des changes en général, l’ensemble des devises souffre et seul le Dollar américain semble en mesure de bénéficier de l’aversion au risque élevée qui s’étend désormais hors des frontières européennes. Les publications venant de l’autre côté de l’Atlantique nous apprennent par ailleurs que les Etats-Unis ont encore créé des emplois en avril, pour le quatrième mois d’affilée.

Sur le plan graphique, la cable évolue dans ses plus bas niveaux depuis avril 2009 et nous rejoignons à court terme, en données quotidiennes, l’orientation baissière déjà visible depuis plusieurs semaines en données hebdomadaires. Si la démission probable de Gordon Brown pourrait provoquer un vent d’optimisme et un rebond du cours, la devise britannique devrait néanmoins pâtir à moyen terme du manque de stabilité politique que laisse augurer le dernier scrutin. Après que le cours vient de rebondir de 1.45 à plus de 1.47 USD, le moment nous paraît opportun pour shorter aux cours actuels en visant une cassure des derniers plus bas et un rapprochement vers 1.44 USD.