par Philip Pullella

CITE DU VATICAN, 21 mars (Reuters) - Le prix Nobel de la paix argentin Adolfo Perez Esquivel a pris jeudi la défense de son compatriote, le pape François, accusé par certains de ne pas s'être élevé à l'époque contre la dictature militaire de 1976 à 1983.

"Le pape n'a rien à voir avec la dictature. Il ne fut pas complice de la dictature. Il a préféré la diplomatie silencieuse, en s'informant sur les disparus, sur la répression", a déclaré l'artiste, qui a recu le prix Nobel de la paix en 1980 pour son action en faveur des droits de l'homme.

"Il n'existe aucune preuve de sa complicité parce qu'il n'a jamais été complice (de la dictature). De cela, je suis certain", a ajouté Esquivel après un entretien d'une demi-heure avec le nouveau pape au Vatican.

La réputation de l'Eglise catholique argentine a souffert des liens entretenus avec les militaires par certains de ses dignitaires pendant les années de dictature.

Jorge Bergoglio, élu pape le 13 mars, a été provincial des jésuites pour son pays entre 1973 et 1979. Il ne fut nommé évêque qu'en 1992.

Horacio Verbitsky, un journaliste et écrivain proche de la présidente argentine Cristina Fernandez, dont les relations avec le cardinal Bergoglio étaient notoirement difficiles, est l'un des principaux accusateurs du pape.

Selon lui, le père Bergoglio avait privé de la protection de leur ordre deux prêtres jésuites qui avaient refusé de ne plus se rendre dans les bidonvilles. Les deux hommes avaient ensuite été arrêtés.

UN PAPE "SÛR DE LUI ET DÉTERMINÉ"

Le Vatican a réfuté ces accusations. Adolfo Perez Esquivel a estimé que le livre de Verbitsky consacré à ce sujet, "Le Silence", contenait "de nombreuses erreurs".

L'artiste argentin a trouvé le pape "sûr de lui et déterminé à accomplir sa mission", et notamment à aider les pauvres.

Depuis son élection, l'ancien archevêque de Buenos Aires a mis l'accent sur l'humilité et la simplicité, et fait de la défense des faibles et de la préservation de l'environnement les grands axes du début de son pontificat.

C'est dans cet esprit qu'il a décidé de rompre avec la tradition qui veut que le pontife célèbre le Jeudi saint à la basilique Saint-Pierre ou à celle de Saint-Jean de Latran.

Lors de l'office, le pape procède au lavement des pieds de douze personnes, comme Jésus le fit avec ses apôtres avant la Passion.

Le pape François a choisi pour la cérémonie la semaine prochaine de se rendre dans une prison pour mineurs de Casal del Marmo, dans la banlieue de Rome.

Lorsqu'il était à Buenos Aires, il célébrait souvent le Jeudi saint dans une prison, un hôpital ou une maison de retraite. (Pascal Liétout pour le service français)