Contexte. Les performances des groupes de matériaux de construction en 2009 ont été influencées par la crise et le retournement du marché de la construction neuve. Le leader mondial du ciment, Lafarge, a enregistré un chiffre d'affaires annuel en recul de 18%, à 15,9 milliards d'euros, inférieur aux attentes du marché. Son résultat net a chuté de 54%, à 736 millions d'euros. Son concurrent Holcim, deuxième cimentier mondial, a affiché des ventes en retrait de 16%, à 21,13 milliards de francs suisses (14,44 milliards d'euros) en 2009. Les trois métiers de Ciments Français (ciment, granulats et béton prêt à l'emploi) ont souffert de fortes baisses de volumes. Au total, le chiffre d'affaires a reculé de 11,7% par rapport à 2008, à 4,2 milliards d'euros. Les cimentiers n'ont pas été les seuls à souffrir. Saint-Gobain, présent notamment dans le verre, les plastiques, céramiques et plâtres, a pâti d'une baisse de 13,7% de son activité, à 37,786 milliards d'euros. Son bénéfice net s'est effondré de 85,3%, à 202 millions d'euros. Les programmes de réduction de coûts ont généralement permis aux acteurs de limiter leurs baisses de résultats. Ainsi, l'excédent brut d'exploitation d'Holcim n'a reculé que de 13,2% (et de 5,1% à périmètre et taux de change constants), grâce aux très fortes réductions de coûts fixes. Elles ont atteint 857 millions de francs suisses, dépassant l'objectif initial de 600 millions.

Perspectives et enjeux. Pour soutenir leur croissance, les groupes misent sur la diversification. Cette dernière peut concerner l'offre de produits. Ainsi Saint-Gobain, qui ne s'attend pas à un rebond significatif en 2010 dans les pays occidentaux, mise sur le solaire et sur les matériaux innovants liés à la rénovation énergétique. Un intervenant comme Lafarge parie particulièrement sur l'international. Après s'est développé au Moyen-Orient grâce au rachat d'Orascom, il est récemment devenu le troisième cimentier du Brésil. Certains analystes considèrent toutefois que les cours des actions des fabricants de matériaux de construction sont surévalués compte tenu de leurs perspectives. D'après le dirigeant d'Holcim, trois à cinq ans seront nécessaires au marché des matériaux de construction pour retrouver son niveau de 2007, antérieur à la crise financière. Ces prévisions sont confirmées par les données du cabinet Euroconstruct, qui estime que la demande européenne de ciment devrait être inférieure de 30% à son niveau de 2007 en 2010. Quant à l'association américaine Portland Cement elle considère qu'aux Etats-Unis la demande devrait chuter de 44% en 2010, comparé à son niveau d'avant la crise économique.

Pour comprendre. Les acteurs qui résistent le mieux sont ceux qui sont internationalisés et tournés vers les pays émergents. Car si les Etats-Unis et l'Europe traversent des difficultés, le marché mondial du ciment croît depuis 1991 à un rythme moyen de 5% par an. Ce marché de 2,9 milliards de tonnes annuelles est majoritairement produit et consommé dans les pays émergents.