Londres (awp/afp) - Le Royaume-Uni a enregistré une croissance de 2,3% en avril, la plus rapide progression mensuelle depuis juillet 2020, grâce à la levée de certaines restrictions sanitaires, indique l'Office national des statistiques vendredi.

La hausse du produit intérieur brut (PIB) a été alimentée par les services, avec notamment la réouverture des restaurants et bars en terrasse et celle des magasins et commerces non-essentiels, tandis que l'industrie et la construction ont vu leur PIB reculer, précise l'ONS.

Le PIB d'avril reste 3,7% sous son niveau de février 2020, avant le plein choc de la pandémie et des confinements.

"Ces chiffres sont un signe prometteur que notre économie commence à reprendre", a commenté le Chancelier de l'Echiquier Rishi Sunak.

"L'activité a rebondi fortement pendant le mois où les coupes de cheveux, les emplettes et la gym ont fait leur retour", a commenté Yael Selfin, économiste de KPMG.

Outre la réouverture d'une partie de l'économie après un confinement strict mis en place fin décembre, la campagne de vaccination et l'amélioration de la confiance des consommateurs ont contribué à l'accélération du PIB en avril.

Embellie estivale

"Nous anticipons un ralentissement de la croissance en mai et juin, (...) mais le retour à un niveau plus normal d'activité devrait se traduire par des chiffres solides du PIB pour le deuxième trimestre, que nous projetons en hausse de 4,3%", ajoute Mme Selfin.

Debapratim De, économiste chez Deloitte, est encore plus optimiste: "les chiffres du PIB d'avril et mars apportent une indication précoce de la reprise estivale forte qui arrive au Royaume-Uni".

"Les vaccins et le beau temps semblent doper l'activité", ajoute-t-il, précisant attendre une croissance de presque 7,5% pour les mois d'été, soit davantage "que la croissance accumulée pendant les quatre années d'avant la pandémie".

Mi-mai, les restaurants ont rouvert en intérieur ainsi que les hôtels et les cours de sport, entre autres, nouvelle étape du déconfinement en Angleterre.

Le Premier ministre Boris Johnson doit annoncer dans les prochains jours si, au regard d'une accélération des nouveaux cas de Covid-19 dans le pays à cause de nouveaux variants du virus, il va confirmer la levée totale des restrictions sanitaires pour le 21 juin comme initialement prévu.

Parallèlement vendredi, un autre rapport de l'ONS constate que les exportations britanniques ont reculé de 0,6% en avril, avec les voitures en particulier objet d'une baisse des ventes à l'étranger, après deux mois de croissance.

Effet court ou long terme du Brexit?

Le recul est venu essentiellement des ventes vers les pays hors-UE, qui ont éclipsé une hausse vers les pays du bloc européen.

En revanche les importations ont progressé de 3,9% en avril (hors métaux précieux), en provenance de pays de l'UE et extra-européens. Celles originaires de pays hors UE sont à des records depuis le début de ces statistiques en 1997.

Les échanges avec les pays hors-UE restent plus élevés que ceux avec les pays de l'UE mais il est trop tôt pour évaluer s'il s'agit de perturbations de court terme ou de long terme, prévient l'ONS.

Si les exportations vers l'UE ont progressé de 2,3% sur un mois, elles restent 9% sous leur niveau moyen de 2019, avant la sortie effective du marché unique européen par le Royaume-Uni.

"C'est une performance décevante, vu le boom dans les flux commerciaux mondiaux. Les exportateurs britanniques ont perdu des parts de marché" avec le Brexit, estime Samuel Tombs, de Capital Economics.

Effet de court ou long terme? "Ce qui ressort des derniers chiffres c'est que le Royaume-Uni a fait plus de commerce avec les pays hors-UE qu'avec les pays de l'UE", ajoute M. Tombs.

afp/al