PARIS - François Hollande a tenté, en exprimant hier ses "regrets" aux magistrats, d'éteindre la zone la plus menaçante de l'incendie provoqué par ses "confidences" à des journalistes, mais les dégâts semblent loin d'être circonscrits.

Le chef de l'Etat dit comprendre la "blessure" née de ses propos qualifiant la justice d'"institution de lâcheté" parus dans "Un président ne devrait pas dire ça", le livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme.

"C'est un début de réponse. Sans ça, la crise risquait de s'enkyster, c'est une manière d'éviter ça", a dit à Reuters Olivier Janson, secrétaire général adjoint de l'Union syndicale des magistrats (USM), majoritaire.

Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, et le Premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, ont pressé le président de "s'exprimer vite" pour clarifier ses propos dont la révélation irrite à six mois de la présidentielle.

Dans l'ouvrage, François Hollande qualifie, selon des propos rapportés, les footballeurs de "gosses mal éduqués", juge que l'immigration est trop importante et confirme qu'il utilise le terme de "sans-dents" pour les pauvres. Certains voient un "suicide politique" dans cette parole livrée sans filtre à des journalistes, parfois en totale contradiction avec ses discours et ses actions de président.

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PARIS - Un homme de 21 ans et sa compagne enceinte de 17 ans soupçonnés de vouloir commettre une attaque djihadiste en France ont été déférés hier après leur interpellation mardi à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), a-t-on appris de source judiciaire.

Ils étaient en contact via l'application cryptée Telegram avec le djihadiste Rachid Kassim, a-t-on précisé, confirmant une information de iTELE.

Membre du groupe Etat islamique basé dans la région syro-irakienne, Rachid Kassim est soupçonné d'être l'inspirateur de plusieurs attentats ou tentatives d'attentats ces derniers mois en France, notamment le double assassinat de policiers à Magnanville (Yvelines) en juin et l'attaque contre l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) en juillet.

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PARIS - Le premier débat entre les sept candidats à l'investiture présidentielle de la droite, suivi avant-hier soir par 5,6 millions de personnes, a donné lieu à des échanges aigres-doux dont Alain Juppé apparaît par défaut comme le premier bénéficiaire.

Confirmé dans son statut de favori par tous les sondages récents, le maire de Bordeaux a respecté une stratégie élaborée à l'avance: camper sur ses positions et ne prendre aucun risque, quitte à paraître à certains moments effacé.

Les autres prétendants ont lancé quelques formules où résonnait l'écho de rancoeurs tenaces et décoché des flèches visant le plus souvent Nicolas Sarkozy, mais se sont gardés de déclencher des joutes susceptibles de causer des dégâts irréparables à moins de 40 jours du premier tour de la primaire.

Selon deux enquêtes des instituts Elabe et Opinionway réalisées en fin d'émission, les téléspectateurs ont jugé le maire de Bordeaux le plus convaincant, devant Nicolas Sarkozy, Bruno Le Maire et François Fillon.

La soirée a rassemblé 5,6 millions de téléspectateurs sur TF1, soit 26,3% de part d'audience, avec un pic d'audience à 6,5 millions, selon les chiffres de Médiamétrie. En 2011, le premier débat entre candidats à la primaire de la gauche, sur France 2, avait attiré un peu moins de cinq millions de téléspectateurs.

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EREVAN - Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, et le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, se réunissent aujourd'hui à Lausanne pour discuter à nouveau d'une issue au conflit syrien, mais trois semaines après l'échec de la trêve négociée sous leur égide, les espoirs sont minces.

La Russie n'attend "rien de spécial" de la réunion sur la Syrie, a déclaré hier Sergueï Lavrov, précisant que Moscou n'avait pas l'intention de faire de nouvelles propositions pour tenter de résoudre le conflit.

"Je ne pense pas attendre d'avancée majeure", a dit pour sa part le porte-parole du département d'Etat américain Mark Toner.

Le chef de la diplomatie russe retrouvera en Suisse son homologue américain, mais aussi des représentants de pays du Proche-Orient qui soutiennent les rebelles comme la Turquie, l'Arabie saoudite et le Qatar, ainsi que de l'Iran allié du président syrien Bachar al Assad.

Moscou est sous pression de la communauté internationale pour mettre fin au pilonnage des quartiers insurgés d'Alep et permettre l'acheminement d'aide humanitaire aux civils.

Les discussions devraient porter sur la proposition formulée par l'émissaire de l'Onu, Staffan de Mistura, d'organiser l'évacuation des combattants djihadistes de l'ex-Front al Nosra pour rétablir le cessez-le-feu.

Les insurgés et les forces armées syriennes qui s'affrontent à Alep ont fait entendre des voix contradictoires hier, les premiers affirmant que le pouvoir ne parviendrait jamais à reprendre Alep, tandis que l'armée estime que l'offensive sur la partie est de la ville se déroule comme prévu.

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ISTANBUL - L'assaut contre la ville de Mossoul tenue par le groupe Etat islamique (EI) dans le nord de l'Irak devrait débuter dans quelques jours, rapporte l'agence de presse officielle turque Anatolie citant des responsables turcs qui ont participé à des discussions avec les Etats-Unis ainsi que des sources irakiennes.

La Turquie est déterminée à contribuer à l'assaut prévu contre Mossoul et elle mettra en oeuvre un "plan B" si elle en est exclue, a déclaré en outre le président turc RTE.

Des combattants arabes sunnites, qu'Ankara prépare et entraîne depuis des mois dans le camp militaire de Bachika, dans le nord de l'Irak, participeront à l'assaut, dit encore Anatolie.

A BAGDAD, des membres des services de sécurité irakiens rapportent qu'un complot fomenté par un des chefs de l'EI décidé à aider les forces gouvernementales à reconquérir Mossoul a été déjoué la semaine dernière. L'instigateur était un adjoint local d'Abou Bakr al Baghdadi, "calife" autoproclamé de l'EI.

Cinquante-huit personnes soupçonnées d'être impliquées dans ce complot ont été exécutées par noyade et leurs corps ont été jetés dans une fosse commune en bordure de la ville, rapportent des habitants joints par téléphone dans les rares quartiers où les communications restent possibles.

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NAMUR, Belgique - Le Parlement de Wallonie s'est opposé hier à la ratification de l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada (CETA), ce qui pourrait empêcher sa mise en oeuvre.

Le CETA (Comprehensive Economic Trade Agreement), qui a nécessité cinq ans de négociations, doit être ratifié par tous les parlements nationaux pour entrer en vigueur.

La motion adoptée par les députés wallons à Namur demande à l'exécutif régional de ne pas déléguer ses pouvoirs au gouvernement belge pour signer le traité, auquel Ottawa et tous les Etats-membres de l'UE sont favorables, Belgique y compris.

A Paris, où il s'est entretenu avec François Hollande, le chef du gouvernement wallon, Paul Magnette, s'est dit convaincu de parvenir à une solution après renégociation.

Le Premier ministre Canadien Justin Trudeau, qui recevait son homologue français Manuel Valls, avait exhorté avec véhémence la veille l'Union européenne à approuver l'accord.

"C'est le moment pour l'Europe de décider à quoi sert l'Union européenne", a déclaré Justin Trudeau. "Si on trouve, dans une semaine ou deux, que l'Europe est incapable de signer une entente progressiste, commerciale, avec un pays comme le Canada, avec qui l'Europe pense-t-elle faire affaire dans les années à venir ?", s'est-il interrogé.

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LONDRES - Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) s'est réjoui hier du démantèlement annoncé de la "jungle" de Calais mais s'inquiète du sort des enfants isolés.

Le HCR souhaite que le gouvernement français informe clairement les occupants du camp de la date de son démantèlement et prenne soin de leur fournir un abri décent ailleurs. Le sort des mineurs isolés - on estime leur nombre à 1.200 - est particulièrement préoccupant, a ajouté un porte-parole du HCR.

Le camp de migrants de Calais, dont le démantèlement est présenté comme imminent, abrite environ 6.000 personnes en quête d'un passage au Royaume-Uni, selon la préfecture, mais deux à trois mille de plus selon les associations humanitaires.