ISTANBUL, 9 août (Reuters) - Le rédacteur en chef de l'influent quotidien turc Hürriyet a démissionné vendredi à deux jours de la présidentielle et au lendemain de critiques émises par le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan à l'encontre du groupe propriétaire du journal.

Le limogeage de journalistes n'est pas rare en Turquie et les groupes de défense de droits de l'homme critiquent régulièrement le pouvoir pour les pressions exercées sur la presse.

Le départ d'Enis Berberoglu est lié par les observateurs à ce genre de pression, mais le journal a rejeté cette interprétation et dit que son rédacteur en chef était parti de son plein gré.

"Enis Berberoglu a exprès décidé d'annoncer sa décision avant l'élection présidentielle de sorte qu'on ne lui attribue pas de signification politique", déclare un communiqué du journal.

Enis Berberoglu ne n'est pour sa part pas exprimé en public.

Le Premier ministre turc est le favori de la présidentielle de dimanche, la première au suffrage universel direct, mais sa pratique de plus en plus autoritaire du pouvoir divise la société turque.

Recep Tayyip Erdogan, qui est depuis longtemps en désaccord avec le groupe Dogan propriétaire d'Hürriyet, rejette les accusations de restriction à la liberté de la presse. Il dit au contraire que son gouvernement a favorisé la liberté des médias depuis son arrivée au pouvoir il y a 12 ans.

Jeudi, il avait vivement critiqué le groupe Dogan lors d'un meeting électoral, l'accusant de critiquer l'islam sur l'une de ses chaînes de télévision et d'avoir un biais pro-israélien dans sa couverture du conflit à Gaza. (Daren Butler; Danielle Rouquié pour le service français)