par Catherine Lagrange

CHASSIEU, Rhône, 22 novembre (Reuters) - François Fillon, favori pour l'investiture présidentielle à droite, a appelé mardi soir ses partisans à "mettre le turbo" pour l'emporter au second tour, opposant le réalisme de son programme à la frilosité présumée d'Alain Juppé, son adversaire.

Pour son premier meeting de l'entre-deux-tours, devant quelque 6.000 personnes, François Fillon s'était entouré du sarkozyste Laurent Wauquiez, président par intérim des Républicains, et de Bruno Le Maire, défait au premier tour avec moins de 3%, pour "amplifier" sa dynamique dans un département qui a voté à 48,6% en sa faveur au premier tour.

"Rien n'était joué avant le 20 novembre, et rien n'est encore joué. (...) Dans le dernier sprint, il faut mettre le turbo", a-t-il lancé.

"Nous avons gagné la première manche, mais je ne me laisse pas emporter par les vivats et les pronostics d'un microcosme qui m'enterrait il y a deux mois", a-t-il dit en présence, fait inédit, de nombreux journalistes étrangers venus observer le "phénomène" Fillon.

Au soir d'une journée marquée par une salve d'attaques d'Alain Juppé et de ses soutiens sur le programme économique et sociétal du député de Paris, François Fillon a évité toute riposte ad hominem, s'en prenant à la prudence présumée des propositions économiques de son rival.

"Il trouve mon projet trop risqué ? Mais si on ne prend pas tous les risques maintenant, quand est ce qu'on les prendra ? », a-t-il lancé.

"Réduire les emplois publics de 8% en cinq ans et passer le temps de travail des fonctionnaires à 39 heures par semaine serait trop brutal ? » a-t-il poursuivi. « Si on ne veut rien faire pour éviter la faillite, alors, il faut rester chez soi » a-t-il déclaré.

HOMMAGE À SARKOZY

Sur le front diplomatique aussi, François Fillon a marqué sa différence.

"Il va nous falloir faire face à une guerre mondiale provoquée par les totalitarismes comparables au nazisme et il va nous falloir beaucoup d'efforts et beaucoup d'alliés, et parmi ces alliés, la Russie", a-t-il dit. "Moi j'utiliserai tous les moyens et je prendrai tous les pays volontaires pour abattre l'Etat islamique".

"Loin de moi l'idée de ne pas dialoguer avec Vladimir Poutine, mais pas dans la complaisance et pas dans le béni oui-oui", avait asséné auparavant Alain Juppé sur BFM TV.

"Je ne veux pas basculer dans des alliances contre nature : quand j'entends François Fillon dire qu'il faut s'allier à l'Iran, je voudrais rappeler que l'Iran c'est le Hezbollah au Liban, une organisation terroriste qui veut éradiquer Israël de la carte du Proche-Orient", avait-il ajouté.

Laurent Wauquiez a souhaité que François Fillon « débarrasse la France de François Hollande" et Bruno Le Maire, qui avait souvent critiqué durant la campagne l'ancien Premier ministre comme une figure de "l'Ancien Régime", a appelé de ses voeux son élection à la présidence en 2017.

François Fillon a rendu hommage à son premier soutien, Nicolas Sarkozy, éliminé au premier tour, qui, malgré des désaccords et des inimitiés, votera en sa faveur dimanche au second tour.

"Avec Nicolas Sarkozy, nous sommes différents, mais nous avons formé un tandem parmi les plus efficaces de la Ve République et sa présidence fut tellement plus audacieuse que celle de François Hollande", a-t-il dit sous des applaudissements nourris. (Edité par Sophie Louet)