L'administration du président Joe Biden doit présenter aux parlementaires américains, dès mercredi, un rapport indiquant si Israël viole le droit humanitaire international ou entrave l'acheminement de l'aide à Gaza. Ces conclusions pourraient alimenter les inquiétudes quant à l'utilisation d'armes fournies par les États-Unis contre l'enclave palestinienne.

Un mémorandum sur la sécurité nationale, connu sous le nom de NSM-20, publié par M. Biden en février, exige que le département d'État fasse rapport au Congrès d'ici le 8 mai sur la question de savoir s'il juge crédibles les assurances d'Israël selon lesquelles son utilisation d'armes américaines n'enfreint pas le droit américain ou international.

Trois sources ont déclaré mardi que l'administration avait informé les commissions du Congrès qu'elle ne respecterait pas la date limite, mais qu'elle espérait présenter ses conclusions dans les jours suivants. Deux collaborateurs du Congrès ont déclaré qu'ils n'avaient aucune indication que le retard était lié à des préoccupations politiques.

L'agence Reuters a rapporté le mois dernier que certains hauts fonctionnaires américains ne jugeaient pas crédibles les assurances données par Israël. Le rapport de Reuters, ainsi que les enquêtes menées par des organisations extérieures telles qu'Amnesty International, ont incité certains législateurs à demander à l'administration Biden de ne pas faire pencher le rapport en faveur d'Israël.

"J'ai eu de nombreuses conversations (...) avec des membres de l'administration, les exhortant à s'assurer que ce rapport est crédible, qu'il est basé sur des faits et des lois et non sur ce qu'ils souhaiteraient qu'il soit", a déclaré à la presse le sénateur démocrate Chris Van Hollen.

L'aide militaire apportée par Washington au gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu a suscité des manifestations à travers les États-Unis, qui ont exigé que les universités et M. Biden retirent leur soutien à Israël, y compris l'envoi d'armes.

À Washington, de nombreux collègues démocrates de M. Biden ont appelé à un changement de la politique américaine de longue date, qui consiste à fournir un soutien militaire inconditionnel à l'État juif.

Mardi, des sources ont déclaré à Reuters que l'administration de M. Biden avait retardé certaines livraisons d'armes à Israël, ce qui, selon deux de ces sources, constituait un message politique apparent à l'allié américain.

Le porte-parole du département d'État, Matthew Miller, a déclaré lors d'une conférence de presse mardi que le rapport du NSM-20 n'était pas encore terminé, mais que le département travaillait "très dur" pour l'achever. "Il est possible qu'il dérape un peu, mais nous essayons toujours, à ce stade, de l'achever d'ici demain", a-t-il déclaré.

Le mémorandum interdit à tout bénéficiaire de l'aide militaire américaine de restreindre l'acheminement de l'aide humanitaire.

L'échéance du rapport intervient alors que l'on craint une famine à Gaza et que les États-Unis, d'autres gouvernements et des organismes internationaux appellent Israël à ne pas lancer une grande offensive contre Rafah, une ville de Gaza qu'Israël qualifie de dernier bastion des combattants du Hamas mais qui est aussi le refuge de plus d'un million de civils palestiniens déplacés.