Les investisseurs seraient sans doute bien avisés de prendre des positions sur la dette émergente avant que les flux acheteurs ne retrouvent leur rythme de croisière et n'entrainent une hausse des prix des actifs. "Réallouer aujourd'hui sur la dette émergente apparaît opportun car le vrai retour des investisseurs reste encore à venir. A 1 900 milliards de dollars, le gisement de dette émergente souveraine en devises locales offre une grande profondeur", détaille Xinghang Li, responsable de la Gestion marchés émergents chez Ofi AM.

"Il est plus important que le marché de la dette émergente souveraine en dollar (860 milliards) et génère un rendement très attractif de 6,75 % en moyenne (pour une maturité moyenne de l'ordre de 7 ans), contre 5,5 % pour la dette en dollar. Surtout, la dette en devises locales permet de bénéficier du redressement des devises des pays émergents, qui sont actuellement sous-évaluées au regard de leurs cours historiques. C'est entre autres le cas du peso mexicain, qui a perdu 15% depuis l'élection de Donald Trump", ajoute-t-il.

Ce retournement de tendance en faveur de la dette émergente, sur fonds de stabilisation des fondamentaux des économies de la zone, a été initié l'année dernière. L'avènement de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis et les craintes de mise en place d'une politique très protectionniste ont certes provoqué fin 2016 de nouveaux flux vendeurs. Mais après quelques semaines de doute, les investissements qui se sont dirigés vers ces marchés depuis début 2017 les ont déjà compensés.

Toutefois, met en garde Xinghang Li (Ofi AM), "une approche prudente sur le marché de la dette émergente consiste donc à privilégier les pays les plus solides, capables de résister à d'éventuels chocs extérieurs, tels que la remontée du dollar, un scénario qui n'est pas à exclure".