La monnaie unique européenne continuait de se reprendre après le très attendu comité de politique monétaire (FOMC) de la Fed américaine, hier soir. En effet, l'établissement dirigé par Ben Bernanke a écrêté ses prévisions de croissance US pour 2012 et 2013 et, presque logiquement, reporté de 18 mois le terme de sa période de taux exceptionnellement bas. Ce midi, l'euro gagne ainsi 0,40% à 1,3151 dollar. Un tel niveau avait été perdu de vue quelques jours avant Noël.

Un point haut de 1,3174 a été atteint ce matin, à comparer avec un point bas de 1,2624 touché en ce début d'année 2012. Depuis fin décembre, l'euro gagne actuellement 1,5% contre le dollar.

L'euro frôle également les 102 yens (+ 0,2% ; + 2,4% depuis le début de l'année) et remonte aussi contre la livre (+ 0,2% à 0,8386 ; +0,5% depuis le début de l'année), tout en restant stable contre le franc suisse (- 0,06% à 1,2070 franc l'euro).

Qu'a exactement dit la Fed ? Sa politique monétaire non conventionnelle, elle, n'a pas bougé : le “QE 2” se poursuit et aucun “QE 3” ne s'annonce, comme prévu.

Commentant la conjoncture américaine, elle évoque encore une “expansion modérée” malgré le ralentissement global. A 8,5% en décembre, le taux de chômage est toujours jugé “élevé”. Si les dépenses de consommation des ménages ont continué d'augmenter, les investissements des entreprises ont ralenti “et le secteur immobilier reste déprimé”. Au final, la banque centrale a abaissé ses prévisions de croissance pour 2012 de 2,5/2,9% à 2,2/2,7% (soit - 9% en milieu de fourchette), et celles de 2013 de 3/3,5% de 2,8/3,2% (-7,7% en milieu de fourchette).

Autre élément nouveau de ce FOMC et conséquence logique du précédent : compris entre 0% et 0,25% depuis le 16 décembre 2008, les taux courts des Fed Funds resteront à ce niveau “exceptionnel” “au moins jusqu'à la fin de 2014”, indique le communiqué, et non plus jusqu'à mi 2013 comme l'indiquait l'établissement 13 décembre dernier. Ce qui constitue une surprise, selon la plupart des commentateurs.

'Bien que les révisions à la baisse des projections de croissance ne soient pas particulièrement rassurantes, les marchés adorent la promesse de la Fed d'un maintien de taux bas pendant plus longtemps', commentent les économistes de la banque québécoise Financière Banque Nationale (FBN).

Bref, ces prévisions US moroses tranchent avec un relatif optimisme quant à la zone euro. Ainsi, le commentaire matinal de Jyske Bank après le bon indice Ifo allemand de la veille, en hausse pour le 3ème mois de suite, indiquait ce matin : 'globalement, les chiffres de l'Ifo confirment que l'économie allemande n'est pas si affectée qui cela par la crise souveraine, et ce bien que la croissance ait ralenti significativement. Nous excluons toute récession en Allemagne'.

Ce qui est conforme aux dernières prévisions du FMI, qui table en 2012 sur 0,3% de croissance en Allemagne, malgré une récession de 0,5% pour la zone euro dont elle est le principal moteur économique. La France, selon le FMI, connaîtrait une croissance de 0,2% cette année.

'À la BCE, cela pourrait inciter Mario Draghi à prolonger et à accentuer les bouleversements qu'il a déjà mis en oeuvre dans la gestion de la politique monétaire pour que celle-ci finalement se focalise encore davantage sur la croissance', juge-t-on chez Natixis AM.

Enfin, en dépit de l'absence d'avancées des négociations entre la Grèce et ses créanciers, la crise souveraine suscite un peu moins d'appréhensions : “pour Christine Lagarde, directrice générale du FMI, la fin 2012 sera meilleure si les bonnes décisions sont prises dans les prochaines semaines... L'utilisation conjointe du FESF et du MES enverrait un signal de confiance fort en Europe”, rapportent les cambistes de Pictet & Cie.

L'après-midi s'annonce chargé aux États-Unis, avec des chiffres économiques tels que les inscriptions hebdomadaires au chômage, attendues en hausse de 18.000 à 370.000, les commandes de biens durables de décembre (+2% attendus, après + 3,8% en novembre) ou les indicateurs avancés du Conference Board (prévision : + 0,7%, après + 0,5%).


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