Zurich (awp) - La Banque nationale suisse (BNS) réduit sa projection d'inflation pour l'année en cours à 2,2%, contre 2,6% jusqu'alors. Pour 2024, un taux de 2,2% est également attendu, contre 2,0% jusqu'à présent. Les attentes en matière de croissance du produit intérieur brut (PIB) restent inchangées.

Au cours des derniers mois, l'inflation a sensiblement ralenti, explique jeudi la BNS dans son appréciation de la situation monétaire et économique du pays. En mai, le renchérissement a ainsi atteint 2,2%, une évolution qui reflète un renchérissement moins prononcé pour les biens importés, et surtout la baisse des prix des produits pétroliers et du gaz naturel.

L'institut explique ainsi la réduction de sa prévision d'inflation par rapport à ses attentes de mars dernier du fait de la baisse des cours du pétrole et du gaz ainsi que de l'appréciation du franc. La légère hausse anticipée pour l'an prochain s'explique notamment par une "persistance des effets de second tour, par une augmentation du prix de l'électricité et des loyers et par le fait que la pression inflationniste venant de l'étranger s'avère durer plus longtemps que prévu", a déclaré devant la presse à Zurich Thomas Jordan, le président de la BNS.

Pour 2025, le renchérissement annuel moyen est attendu à 2,1% en 2025. Au cours des trois prochaines années, l'inflation devrait de plus en plus refléter le renchérissement des biens et services suisses. Sans le relèvement de taux décidé aujourd'hui, elle s'inscrirait à un niveau encore plus élevé à moyen terme, a observé M. Jordan.

Croissance modeste

Du côté des perspectives de croissance mondiale, une hausse modeste est attendue, dans un contexte d'inflation demeurant globalement élevée. A moyen terme, les prix devraient néanmoins retrouver des niveaux plus faibles, en particulier du fait du resserrement des politiques monétaires et du ralentissement conjoncturel. Mais de grands risques continuent de grever ce scénario de base pour l'économie mondiale, avertit la banque centrale.

Et l'institut d'émission de mentionner la vive inflation que connaissent certains pays, laquelle pourrait se montrer plus persistante qu'anticipé. D'autre part, l'approvisionnement énergétique de l'Europe pourrait redevenir problématique l'hiver prochain.

En Suisse, le PIB a enregistré une croissance soutenue en première partie d'année, la création de valeur s'intensifiant dans les services, alors qu'une légère hausse est intervenue dans l'industrie. Le marché du travail est lui demeuré solide, et les capacités de production ont été bien utilisées jusqu'ici. Cependant, la Banque nationale s'attend à une croissance modeste pour le reste de l'année.

Ce ralentissement devrait résulter de la faiblesse de la demande extérieure, des pertes de pouvoir d'achat dues au renchérissement et du durcissement des conditions de financement. Au final, le PIB devrait progresser cette année d'environ 1%. Dans un tel contexte, il est probable que le chômage progressera légèrement et que l'utilisation des capacités de production reculera quelque peu. Comme pour l'économie mondiale, la prévision pour la Suisse est entourée d'une forte incertitude, note la BNS.

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