Zurich (awp) - Les économistes de l'institut d'études conjoncturelles KOF ont nettement relevé jeudi leurs prévisions de croissance pour la Suisse cette année, la reprise devant être progressive par la suite. Si la situation générale s'améliore lentement pour la conjoncture helvétique, de forte divergences persistent cependant selon les secteurs d'activité.

Pour cette année, l'institut de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich a relevé ses prévisions de croissance du produit intérieur brut (PIB) à 1,6%, contre seulement 1,0% dans les précédentes estimations de juin. Ils ont par contre légèrement abaissé leur pronostic pour 2017 à 1,8%, contre 1,9% auparavant. En 2018, le PIB devrait accélérer de 1,9%, un pourcentage qui correspond "à peu près au potentiel de croissance" de l'économie suisse, a indiqué le directeur du KOF, Jan-Egbert Sturm, lors d'une conférence de presse.

"L'économie suisse sort lentement d'une longue phase d'austérité. La nouvelle relance de l'économie mondiale s'accompagne d'un lent regain de demande en biens et services suisses", ont indiqué les spécialistes du KOF dans un communiqué.

Après les difficultés provoquées en 2015 par l'abandon du taux plancher par la Banque nationale suisse (BNS), "les conditions générales s'améliorent à vue d'oeil pour l'économie suisse", a commenté le KOF. Les exportateurs semblent "avoir digéré à première vue le choc monétaire de l'an dernier au vue de la croissance vigoureuse observée au premier semestre", ont ajouté les spécialistes.

POLITIQUE MONÉTAIRE INCHANGÉE

Le PIB a en effet progressé de 1,1% sur un an au premier trimestre et de 2,0% au partiel suivant.

Le KOF reste néanmoins prudent, estimant que "l'industrie a été nettement plus affectée par l'appréciation du franc suisse qu'on ne le pensait jusqu'à présent". La croissance au niveau des exportations a ainsi été "presque exclusivement le fait d'une forte progression des exportations de produits pharmaceutiques", a averti l'institut. Les ventes à l'international devraient se développer de manière "hésitante", selon ce dernier.

Au niveau des ménages privés, les dépenses de consommation "devraient rester modestes durant les prochains trimestres", en raison de la prudence des ménages, mais aussi en raison de la faible progression du revenu disponible (+1,3%) et de la stagnation de l'emploi.

L'inflation est toujours attendue négative de 0,4% cette année, avant de retourner en territoire positif en 2017 à 0,2% et à 0,3% en 2018. Sur le front de l'emploi, la prévision de taux de chômage a été légèrement abaissée de 0,2 point à 3,3% en 2016 et à 3,4% en 2017 et 2018.

Concernant la politique monétaire de la BNS, cette dernière ne devrait pas dévier de sa ligne actuelle et conserver des taux d'intérêt négatifs encore pour un certain temps. La paire de devises EUR/CHF devrait par conséquent rester autour des 1,10.

al/fr