PARIS - Le gouvernement français présentera au conseil des ministres du 3 février un projet de loi prolongeant l'état d'urgence pour une durée de trois mois en France, a annoncé hier l'Elysée.

Un peu plus tôt dans la journée, Manuel Valls a provoqué l'étonnement en laissant entendre que l'état d'urgence, instauré après les attentats du 13 novembre dernier à Paris et Saint-Denis, pourrait être maintenu jusqu'à la défaite de l'organisation Etat islamique.

L'état d'urgence sera maintenu "le temps qu'il faudra", a dit le Premier ministre dans entretien avec la BBC au forum de Davos (Suisse).

"Nous ne pouvons pas vivre tout le temps avec l'état d'urgence, mais tant que la menace est là, nous devons utiliser tous les moyens", a-t-il ajouté.

A la question "Ça peut être pour toujours ?", il a répondu : "Jusqu'à ce que l'on puisse, évidemment, en finir avec Daech", l'acronyme en arabe de l'Etat islamique.

Concernant l'inscription de la déchéance de nationalité dans la Constitution, François Hollande s'efforce de réunir une majorité de parlementaires autour d'un projet de révision constitutionnelle qui pourrait renvoyer la question du champ d'application de cette déchéance à une loi ultérieure.

Après une journée d'entretiens avec les dirigeants des partis politiques disposant de groupes au Parlement, la formule privilégiée par le chef de l'Etat restait incertaine hier.

"Sa volonté est que ce texte puisse faire l'objet d'un rassemblement le plus large possible", a fait savoir l'Elysée dans un communiqué en fin de journée.

La présidence ne précise pas si et comment elle souhaite voir évoluer le projet de révision constitutionnelle. Mais elle annonce que le Premier ministre, Manuel Valls, présentera mercredi à la commission des lois de l'Assemblée les avant-projets de loi d'application de ce texte.

Refusant de dire si François Hollande voulait finalement inscrire dans la Constitution une distinction entre les binationaux et les autres Français, le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a déclaré : "Nous avons indiqué que pour toute déchéance, il était nécessaire que celle-ci ne pose pas le problème d'une séparation entre les Français et qu'il n'y ait point d'apatridie".

Le président du parti Les Républicains, Nicolas Sarkozy, a lui aussi refusé de dévoiler les intentions du chef de l'Etat, expliquant simplement que François Hollande comptait bien permettre la déchéance de la nationalité des binationaux.

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BEYROUTH - Les factions armées rebelles syriennes ont dit qu'elles tenaient le gouvernement de Bachar al Assad et la Russie pour responsables de tout échec des négociations de paix avant même le début des réunions prévues à Genève.

L'opposition syrienne demande un arrêt des raids aériens menés par l'aviation russe et une levée des sièges imposés dans plusieurs régions par les forces pro-Assad comme les préalables à toute discussion.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry souhaite que ces pourparlers débutent dès lundi mais il semble probable que l'ouverture du dialogue connaisse un retard en raison des demandes formulées par chacun des deux camps.

"Nous tenons le régime d'Assad et son allié russe responsables de tout échec du processus politique en raison de la poursuite de leurs crimes de guerre" que constituent les sièges et les bombardements de zones civiles, affirment une dizaine de factions rebelles dans un communiqué.

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TUNIS - Le ministère tunisien de l'Intérieur a annoncé l'instauration d'un couvre-feu nocturne sur tout le territoire après plusieurs jours de manifestations de sans-emploi qui ont donné lieu à des affrontements avec les forces de l'ordre.

Les autorités justifient cette mesure par les troubles à l'ordre public et les risques pour la propriété privée ainsi que par la crainte d'attaques terroristes.

A Paris, où il a rencontré François Hollande, le Premier ministre tunisien Habib Essid a déclaré que la situation sur le terrain était "maîtrisée".

L'Elysée a annoncé l'intention de la France de mettre en oeuvre un plan de soutien à la Tunisie d'un milliard d'euros sur les cinq prochaines années, favorisant notamment l'emploi dans cette démocratie en proie à des difficultés économiques.

Des rassemblements ont encore été signalés à Kasserine, où la contestation a débuté, et à Sidi Bouzid. A Tunis, des protestataires ont bloqué l'une des principales artères de la ville et enflammé des pneus tandis que les forces de l'ordre ont interpellé 19 personnes.

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MADRID - Le président sortant du gouvernement espagnol, le conservateur Mariano Rajoy qui tente depuis plusieurs semaines de former une nouvelle équipe, a renoncé pour l'instant à demander la confiance du Parlement mais entend poursuivre ses efforts pour trouver une majorité.

Alors que son Parti populaire (PP) a perdu sa majorité absolue à l'issue des élections législatives du 20 décembre, Mariano Rajoy n'a pas dit s'il comptait laisser les socialistes tenter leur chance ou s'il voulait seulement plus de temps, en tant que chef du premier parti du pays, pour mener ses négociations à la recherche de partenaires.

Pedro Sanchez, le dirigeant du Parti socialiste (Psoe), qui rejette l'idée d'une grande coalition droite-gauche "à l'allemande", s'est dit pour sa part favorable à un rassemblement des forces de gauche. Le numéro un du parti de la gauche radicale Podemos, Pablo Iglesias, lui a fait écho et s'est dit prêt à participer à un gouvernement d'union de la gauche.

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PORT-AU-PRINCE - Le second tour de l'élection présidentielle haïtienne prévu demain a été reporté sine die, le candidat de l'opposition Jude Célestin ayant dénoncé des fraudes et appelé à un boycott du scrutin.

Pierre Louis Opont, président du conseil électoral, a précisé hier que cette décision avait été prise pour des raisons de sécurité.

Le second tour, qui opposera Jovenel Moïse, candidat soutenu par le président sortant Michel Martelly, à Jude Célestin, avait déjà été reporté à deux reprises en raison des allégations de fraude lors du premier tour le 25 octobre.

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ANKARA - La Chine et l'Iran ont exprimé leur volonté de renforcer leurs relations bilatérales lors de la rencontre entre le président chinois Xi Jinping et son homologue iranien Hassan Rohani à Téhéran.

Le chef de l'Etat chinois est le premier dirigeant à se rendre en Iran depuis la levée, la semaine passée, des sanctions contre la république islamique en échange d'une limitation de son programme nucléaire.

"Nous sommes heureux que le président Xi visite l'Iran après la levée des sanctions. L'Iran et la Chine ont convenu de porter leurs échanges commerciaux à 600 milliards de dollars au cours des dix prochaines années", a déclaré Hassan Rohani lors d'une conférence de presse retransmise à la télévision nationale.

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WINNIPEG, Canada - Le jeune homme soupçonné d'avoir abattu hier quatre personnes à La Loche, dans la province de Saskatchewan au Canada, a d'abord tiré sur ses deux frères chez lui avant d'ouvrir le feu dans le lycée de la ville, ont déclaré un ami de la famille du suspect et le maire de cette commune rurale et peuplée majoritairement d'Amérindiens.

Un suspect interpellé à l'extérieur de l'établissement scolaire a été placé en détention et une arme a été saisie, a dit la police, qui n'a pas précisé le nombre exact de blessés ni les circonstances du drame. Elle s'est contentée de dire que la fusillade s'était déroulée dans le lycée et dans un autre endroit de cette localité d'environ 3.000 habitants. Elle n'a pas avancé de mobile possible et n'a pas fourni l'identité du suspect ni des victimes.