Tokyo (awp/afp) - Les grandes Bourses asiatiques étaient orientées à la hausse jeudi, les indices de Tokyo clôturant à de nouveaux records après des sommets atteints la veille à Wall Street, alors que les investisseurs se réjouissaient de nouveaux signes d'essoufflement de l'économie américaine.

L'indice Nikkei de la capitale nippone a gagné 0,82% à 40'913,65 points, dépassant son précédent plus haut atteint en mars dernier.

L'indice vedette tokyoïte a grimpé de 23% depuis le début de l'année, après un bond de 28% l'an dernier - sa meilleure performance annuelle en dix ans -, propulsé par plusieurs facteurs dont la faiblesse du yen, favorable aux groupes exportateurs.

La progression mondiale des valeurs technologiques, et des efforts des sociétés japonaises pour mieux "soigner" leurs actionnaires, à coups de dividendes plus élevés, de rachat d'actions plus fréquents et d'une diminution de leurs participations croisées, ont aussi participé à cette poussée.

L'indice élargi Topix a quant à lui pris 0,92% à 2898,47 points jeudi, battant son précédent record en clôture qui remontait à décembre 1989.

Le marché américain s'était réjoui mercredi d'une série d'indicateurs allant dans le sens d'un ralentissement de la première économie mondiale, condition préalable à un début d'assouplissement monétaire par la Fed, et les taux obligataires se sont repliés aux Etats-Unis.

Le secteur privé a ainsi créé 150.000 emplois en juin selon le cabinet ADP, soit moins que les 165.000 attendus par les économistes. Et les nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage ont encore progressé.

L'indice ISM d'activité dans les services aux Etats-Unis s'est en outre rétracté à 48,8 en juin, contre 53,8 en mai, alors que les économistes voyaient le secteur rester en nette expansion.

Malgré tout, "le président de la Fed de Chicago, Austan Goolsbee (l'un des membres les plus pessimistes du FOMC), a déclaré à la BBC que la Fed avait besoin de beaucoup plus de données avant de réduire ses taux", a relevé Robert Carnell, chef économiste en Asie-Pacifique chez la banque néerlandaise ING.

Le yen moins attractif pour les spéculateurs ?

A Hong Kong, l'indice Hang Seng gagnait 0,1%, mais les indices reculaient sur les places continentales chinoises, Shanghai lâchant 0,7% et Shenzhen 1,4%.

"L'humeur est morose car les gens n'ont pas une grande confiance dans les perspectives économiques (en Chine). Un soutien politique plus fort serait utile, tant sur le plan monétaire que fiscal", a déclaré à l'AFP Zhiwei Zhang, économiste en chef de Pinpoint Asset Management.

"Actuellement, le sentiment à l'égard des actions chinoises est très négatif, en raison des inquiétudes liées aux politiques intérieures et aux tensions commerciales avec les Etats-Unis", a par ailleurs estimé Thomas Mathews de Capital Economics.

Le yen oscillait mais avait tendance à se renforcer après avoir enfoncé un nouveau plancher face au dollar la veille, tandis qu'un possible changement de stratégie se profilait chez les investisseurs, a estimé Charu Chanana, stratégiste devises chez Saxo Capital Markets. Le "carry trade", pratique qui consiste à emprunter de l'argent dans une monnaie dont la banque centrale pratique des taux faibles et à l'investir dans une devise adossée à un pays ou une zone monétaire où les rendements sont élevés, "reste populaire", a-t-elle ainsi noté.

"Toutefois, la volatilité accrue du yen due aux risques d'intervention et à la probabilité d'une normalisation monétaire de la BoJ, ainsi que les flux haussiers sur le franc suisse, envoient des signaux de prudence sur le +carry trade+", a-t-elle souligné.

Ces facteurs "pourraient faire du yuan chinois une monnaie de financement plus favorable que le yen et le franc suisse", selon Mme Chanana.

Vers 06H10 GMT, le dollar refluait à 161,40 yens contre 161,69 yens mercredi à 21H00 GMT.

L'euro reculait aussi à 174,13 yens contre 174,40 yens la veille, et était stable à 1,0789 dollar contre 1,0786 dollar mercredi.

Le pétrole était dans le rouge: vers 06H00 GMT, le baril de WTI américain lâchait 0,66% à 83,33 dollars et le baril de Brent de la mer du Nord abandonnait 0,57% à 86,84 dollars.

afp/jh