Le dollar américain s'échangeait à 160,39 yens, un niveau atteint pour la dernière fois en décembre 1986, alors que l'écart béant entre les taux d'intérêt des deux pays continue de peser sur la monnaie japonaise.
Selon les analystes, les opérateurs testent la détermination du ministère japonais des finances et de la banque centrale, qui ont dépensé 62 milliards de dollars à la fin du mois d'avril et au début du mois de mai pour soutenir la monnaie lorsqu'elle a franchi la barre des 160 yens.
"À moins que la dynamique sous-jacente ne change avec le différentiel de rendement, la devise japonaise continue d'être sanctionnée", a déclaré Joe Tuckey, responsable de l'analyse des devises chez le courtier Argentex.
Les stratégies dites de carry trade, qui consistent pour les investisseurs à emprunter dans une devise à faible rendement pour investir dans une devise à rendement plus élevé, sont devenues extrêmement populaires depuis que certains pays ont augmenté leurs coûts d'emprunt au cours des dernières années.
Bien que le Japon ait relevé ses taux d'intérêt cette année dans une fourchette de zéro à 0,1 %, les taux américains de 5,25 % à 5,5 % signifient que les investisseurs se tournent vers les rendements plus élevés des actifs libellés en dollars, ce qui fait monter la devise par rapport au yen.
Masato Kanda, diplomate en charge des devises, a déclaré lundi que le Japon était toujours prêt à prendre des mesures contre les mouvements excessifs du marché, mais les opérateurs ont ignoré l'avertissement après que la dernière vague d'interventions n'ait pas réussi à endiguer les ventes.
"Peut-être qu'il y a quelques mois, le marché aurait davantage tenu compte de cet avertissement qu'il ne le fait aujourd'hui, parce qu'il n'est pas soutenu par un changement de taux", a déclaré M. Tuckey.
Il est possible que la Banque du Japon procède à une nouvelle hausse des taux fin juillet, ce qui pourrait contribuer à soutenir le yen. Toutefois, toute reprise durable nécessitera probablement une baisse des taux d'intérêt de la Réserve fédérale.
L'indice du dollar, qui compare la monnaie à six autres devises, a augmenté de 0,3 % pour atteindre 105,99, son niveau le plus élevé depuis le 1er mai.
Le rapport sur l'inflation des dépenses de consommation personnelle (PCE) aux États-Unis, publié vendredi, sera déterminant pour les marchés des changes. Un chiffre plus bas que prévu pourrait inciter les traders à augmenter leurs paris sur les réductions de taux de la Fed cette année, ce qui soulagerait quelque peu le yen.
L'euro a reculé de 0,3 % à 1,0683 dollar après qu'un responsable de la Banque centrale européenne a évoqué la possibilité de nouvelles baisses de taux cette année, une position sensiblement différente de celle de Michelle Bowman de la Fed.
Olli Rehn, membre du conseil d'administration de la BCE, a déclaré à Bloomberg que deux réductions supplémentaires cette année semblaient "raisonnables". Cette position contraste avec celle de Mme Bowman, gouverneur de la Fed, qui a déclaré qu'elle ne s'attendait pas à ce que les taux américains baissent cette année.
L'inflation australienne s'est accélérée pour atteindre un niveau record de 4 % en mai, ce qui a incité les traders à prendre en compte les fortes chances d'une nouvelle hausse des taux d'ici novembre et a fait grimper le dollar australien de 0,5 %, avant qu'il ne se tasse pour s'établir 0,1 % plus haut à 0,6656 $.
La livre sterling a reculé de 0,3 %, à 1,2647 dollar, en raison du renforcement du dollar.
Le yuan a également été pénalisé par la force persistante du dollar, la Chine ayant apparemment fait preuve d'une certaine tolérance à l'égard d'une monnaie moins chère en affaiblissant progressivement le point médian de la fourchette de négociation quotidienne du yuan par rapport au dollar.
Le yuan, qui s'est maintenu dans la partie basse de sa fourchette pendant des mois, a chuté à son plus bas niveau depuis sept mois mercredi, à 7,2671 pour un dollar.
