Téhéran (awp/afp) - Le rial iranien a perdu dimanche plus de 6% de sa valeur face au dollar américain pour atteindre un nouveau plancher historique, alors que l'incertitude relative au maintien des États-Unis dans l'accord sur le nucléaire iranien alimente la spéculation.

La devise iranienne est tombée à 55.200 rials pour un dollar américain en fin d'après-midi sur le marché libre, selon le site tgju.org, référence pour le marché des changes iranien.

En six mois, le rial a perdu près de 30% de sa valeur face au billet vert et l'écart entre le taux du marché libre et le taux de conversion officiel, fixé dimanche à 37.814 rials pour un dollar par la banque centrale, ne cesse de se creuser.

Depuis plusieurs semaines, de longue files d'attente se forment chaque jour à Téhéran devant les bureaux de change.

"Il y a un afflux massif des gens pour acheter des dollars parce qu'ils pensent que les États-Unis vont quitter l'accord nucléaire", a déclaré à l'AFP le responsable d'un bureau de change, sous couvert de l'anonymat.

Conclu en 2015 entre l'Iran et le Groupe 5+1 (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne), ce texte est censé empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique.

Le président américain Donald Trump a menacé en janvier de sortir son pays de l'accord le 12 mai, lorsqu'expirera un ultimatum qu'il a donné aux Européens pour durcir le texte.

Si les États-Unis se retirent, ils devraient alors réimposer contre l'Iran des sanctions économiques actuellement suspendues, ce qui risque d'affecter l'économie du pays et de refroidir encore les investisseurs étrangers.

La chute du rial s'est accélérée depuis la mi-octobre, lorsque M. Trump avait refusé une première fois de "certifier" l'accord sur le nucléaire iranien.

"Le gouvernement ne peut rien faire lorsqu'il y a une telle panique. Si les États-Unis sortent de l'accord nucléaire, la monnaie iranienne pourrait encore dégringoler et atteindre le taux de 70.000 rials pour un dollar", estime le même changeur.

Le président de la banque centrale iranienne, Valiollah Seif, et le ministre de l'Économie, Massoud Karbassian, ont été convoqués à une séance de questions prévue lundi au Parlement, où de nombreux députés reprochent aux autorités leur inaction.

Fin janvier, alors que le dollar s'échangeait à 48.000 rials, le président Hassan Rohani avait appelé la population à ne pas s'inquiéter, assurant que les rentrées de devises étaient bien supérieures aux besoins du pays.

afp/rp