Le Niger, le Mali et le Burkina Faso, trois États d'Afrique de l'Ouest dirigés par des militaires, ont signé un traité de confédération samedi, soulignant leur détermination à tracer une voie commune en dehors d'un bloc économique régional qui les a exhortés à revenir à un régime démocratique.

La signature a eu lieu lors du premier sommet de l'Alliance des États du Sahel (AES) et signale un alignement plus étroit entre les voisins du Sahel central, déchiré par les insurrections. Les juntes ont pris le contrôle de ces trois États lors d'une série de coups d'État en 2020-2023 et ont rompu les liens militaires et diplomatiques avec les alliés régionaux et les puissances occidentales.

Le chef militaire du Niger, le général Abdourahamane Tiani, a décrit le sommet de l'AES comme "l'aboutissement de notre volonté commune de recouvrer notre souveraineté nationale".

L'officialisation du traité visant à établir une confédération confirme le rejet par le Niger, le Mali et le Burkina Faso de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), qui compte 15 membres. Sa signature intervient la veille d'un sommet organisé par la CEDEAO, qui espérait persuader les trois pays de revenir sur leur décision de quitter l'organisation, prise en janvier.

"Nos peuples ont irrévocablement tourné le dos à la CEDEAO", a déclaré M. Tiani dans un discours. "Il nous appartient aujourd'hui de faire de la Confédération de l'AES une alternative à tout groupe régional artificiel en construisant [...] une communauté libérée du contrôle des puissances étrangères".

Le degré d'harmonisation des politiques, de l'économie et de la défense au sein de l'AES n'est pas clair, alors que le pays s'efforce de contenir une bataille de dix ans contre les insurgés islamistes et de faire croître des économies qui sont parmi les plus pauvres du monde.

En mars, les trois États ont convenu de mettre en place une force commune pour faire face aux menaces à la sécurité sur leurs territoires.

Leurs ministres des finances ont déclaré en novembre qu'ils étudieraient la possibilité de créer une union monétaire et des hauts fonctionnaires ont, à des degrés divers, exprimé leur soutien à l'abandon de la monnaie commune de l'Afrique de l'Ouest, le franc CFA.

La CEDEAO a déployé des efforts diplomatiques pour dissuader les trois États de quitter cette alliance vieille de 50 ans. Cette scission remettrait en cause des décennies d'intégration régionale et menacerait d'entraîner un désordre dans les échanges commerciaux et les flux de services, d'une valeur de près de 150 milliards de dollars par an.

Cette rupture est liée à la décision de la CEDEAO de répondre aux coups d'État du trio par des sanctions sévères et à sa menace non concrétisée de recourir à la force pour rétablir l'ordre constitutionnel au Niger l'année dernière.

Le Niger, le Mali et le Burkina Faso accusent le bloc régional d'avoir abandonné ses idéaux fondateurs et d'avoir apporté un soutien insuffisant aux insurrections islamistes qui ont tué des milliers de personnes et en ont déplacé plus de 3 millions d'autres.

Les politiques des juntes ont remodelé l'influence internationale dans le Sahel central, les trois États favorisant des liens plus étroits avec la Russie en matière de défense, de diplomatie et d'affaires, au détriment de l'ancienne puissance coloniale qu'est la France, du poids lourd régional qu'est le Nigéria et des États-Unis.