GENÈVE (Reuters) - La Haute-Commissaires aux droits de l'homme de l'Onu, Michelle Bachelet, a estimé mercredi que les frappes aériennes russes et les bombardements intensifs des villes ukrainiennes pourraient être des "crimes de guerre".

S'adressant au Conseil des droits de l'homme des Nations unies à Genève, Michelle Bachelet a appelé la Russie à retirer ses troupes du territoire ukrainien.

Elle a déclaré que ses services avaient reçu des "allégations crédibles" selon lesquelles les forces russes avaient utilisé des armes à sous-munitions dans des zones peuplées, en violation d'une convention internationale, à au moins 24 reprises depuis le début de l'invasion de l'Ukraine le 24 février.

Ses services enquêtent également sur l'utilisation d'armes à sous-munitions par l'Ukraine, a-t-elle indiqué.

La Russie a nié viser des civils dans ce qu'elle appelle une "opération spéciale" visant à désarmer et à "dénazifier" son voisin.

Michelle Bachelet a précisé que ses services, qui disposent de près de 60 observateurs en Ukraine, avaient enquêté sur 77 cas de dommages causés à des installations médicales, dont 50 hôpitaux.

"Les attaques aveugles sont interdites par le droit humanitaire international et pourraient constituer des crimes de guerre", a-t-elle déclaré.

"La destruction massive de bâtiments civils et l'ampleur des pertes civiles indiquent fortement que les principes fondamentaux de distinction, de proportionnalité et de précaution n'ont pas été suffisamment respectés" a ajouté Michelle Bachelet, en référence aux règles inscrites dans les Conventions de Genève.

Le peuple ukrainien vit un "cauchemar", a-t-elle poursuivi: "Dans la ville assiégée de Marioupol, les gens vivent dans la terreur la plus totale."

Matilda Bogner, cheffe de la mission de surveillance des droits de l'homme en Ukraine, a déclaré à Reuters mardi que des milliers de civils pourraient avoir été tués à Marioupol depuis que l'armée russe a lancé son offensive contre la ville.

(Reportage de Stéphanie Nebehay, version française Valentine Baldassari, édité par Tangi Salaün)

par Stephanie Nebehay