MOSCOU, 2 juillet (Reuters) - Moscou a annoncé mardi avoir détruit cinq chasseurs ukrainiens SU-27 et en avoir endommagé deux autres, à la suite d'une frappe de missile Iskander-M sur l'aéroport de Myrhorod, dans la région de Poltava, alors que les attaques russes contre les aéroports pourraient compliquer la livraison ou l'utilisation des F-16 américains attendus ce mois-ci à Kyiv.

"A la suite d'une frappe russe, cinq chasseurs multi-rôles SU-27 ont été détruits et deux endommagés", a déclaré le ministre de la Défense russe, qui a également diffusé une vidéo de l'attaque.

L'Ukraine a déclaré que l'aéroport avait été visé par une frappe mais que la Russie exagérait les dégâts infligés, sans donner le détail des dommages.

"Il y a eu une attaque (sur Myrhorod). Il y a eu des pertes, mais non celles que l'ennemi affirme avoir causées", a déclaré dans un message sur Facebook un responsable de l'armée de l'air ukrainienne, Yuriy Ihnat.

Les blogueurs militaires ukrainiens ont signalé qu'un drone de reconnaissance russe avait pu voler au-dessus de l'aéroport afin de faciliter l'attaque.

"Il n'y a pas assez de moyens pour détruire les drones", a déclaré à Reuters Yuriy Ihnat, reconnaissant que ces appareils représentaient une "très sérieuse menace".

Les analystes militaires estiment que la Russie cible les infrastructures aéroportuaires, comme les tarmacs et les hangars, afin probablement de compliquer la livraison et l'utilisation des avions promis par les pays occidentaux.

L'Ukraine doit ainsi recevoir ce mois-ci des États-Unis les premiers F-16, qui pourraient aider à repousser les assauts russes et détruire les bombes planantes difficiles à intercepter.

Les responsables gouvernementaux ukrainiens n'ont pas indiqué où les F-16 seront basés, mais Moscou a déclaré jeudi dernier viser les aéroports qui pourraient les accueillir, après avoir frappé l'aéroport de Starokostiantyniv.

Un porte-parole des forces armées ukrainiennes concède que les attaques russes posent "certains problèmes" mais qu'elles n'empêcheraient pas la livraison ou l'utilisation des F-16.

L'armée ukrainienne, dont les stocks de munition anti-air sont bas, pourrait aussi avoir à déplacer les chasseurs de base en base, estime Justin Bronk, du Royal United Services Institute.

"N'importe quelle défense anti-aérienne au sol peut être saturée si les Russes envoient suffisamment de missiles sur une cible", ajoute l'expert. (Reportage de Reuters à Moscou et à Kyiv, version française Corentin Chappron, édité par Kate Entringer)