(Actualisé avec précisions, contexte)

par Phil Stewart

WASHINGTON, 24 septembre (Reuters) - Les Etats-Unis ont fait savoir mercredi qu'ils étaient toujours en train de vérifier si Mohsen al Fadhli, un des dirigeants du groupe "Khorasan", une unité d'Al Qaïda, avait été tué par les frappes américaines en Syrie, le Pentagone soulignant qu'il fallait du temps pour confirmer l'information.

"Nous pensons qu'il est mort", a déclaré à Reuters un responsable américain qui a requis l'anonymat.

D'autres responsables américains ont appelé à la prudence, soulignant que les Etats-Unis ne pouvaient confirmer de façon indépendante que les frappes aériennes américaines de mardi contre Khorasan avaient tué Mohsin al Fadhli ou d'autres.

"Nous n'avons pas de confirmation à faire à ce stade", a déclaré le colonel Steve Warren, porte-parole du Pentagone. "Nous n'avons pas de personnel sur le terrain pour vérifier. Nous continuons à procéder à des évaluations."

Le porte-parole de la Maison blanche Josh Earnest a dit qu'il ne pouvait confirmer aucune information sur la mort de Fadhli.

"Les premières indications sont que les frappes sont efficaces, qu'elles ont eu un impact. Cela nous encourage", a-t-il déclaré mercredi à la chaîne MSNBC.

Les autorités américaines ont expliqué mardi que le groupe Khorasan, intégré au Front al Nosra, mouvement rebelle syrien affilié à Al Qaïda, constituait une menace immédiate et qu'il était proche de la phase d'exécution d'un attentat contre des intérêts européens ou américains.

Certains responsables américains se montrent toutefois prudents quant au rôle de Mohsen al Fadhli dans Khorasan et sur l'imminence d'un quelconque attentat préparé par le groupe. Les autorités américaines n'ont donné aucune précision sur la nature des éventuels attentats en préparation.

Dans une note de 2012, le département d'Etat promettait une récompense de sept millions de dollars pour toute information menant à la capture de Mohsin al Fadhli, né au Koweït il y a 33 ans. La diplomatie américaine le présente comme un financier d'Al Qaïda proche du fondateur du réseau, Oussama Ben Laden, et comme ayant appartenu au cercle très restreint des chefs d'Al Qaïda qui ont été mis dans la confidence des attentats du 11 septembre 2001 avant l'attaque contre New York et Washington.

Sa mort était évoquée dès mardi soir dans des messages mis en ligne par des islamistes et repérés par la société SITE, spécialisée dans la surveillance des publications islamistes sur internet.

L'existence même du groupe Khorasan n'a été officiellement révélée que jeudi dernier quand le Directeur américain du renseignement national (DNI), James Clapper, avait dit lors d'une conférence que Khorasan pourrait constituer pour les Etats-Unis une menace aussi forte que celle de l'Etat islamique.

"AGENT DANGEREUX"

Les frappes de mardi sont venues ponctuer une longue surveillance des faits et gestes du groupe Khorasan, décrit par les autorités américaines comme un "réseau" de combattants d'Al Qaïda ayant une expérience du champ de bataille, essentiellement en Afghanistan et au Pakistan.

Selon les autorités américaines, ce groupe discret se serait installé en Syrie non pas pour participer à la lutte contre le régime de Bachar al Assad mais "pour y disposer d'un refuge sûr afin de concevoir des attentats à l'étranger, fabriquer et tester des engins explosifs et recruter des Occidentaux pour mener à bien ces opérations".

Face à cette menace, les autorités américaines avaient encore renforcé en juillet dernier les contrôles dans les aéroports pour les vols à destination des Etats-Unis. Il avait été demandé aux compagnies aériennes de porter une attention particulière aux téléphones mobiles et aux chaussures des passagers de peur qu'ils ne soient utilisés pour dissimuler des explosifs.

La conseillère américaine à la Sécurité nationale, Susan Rice, a qualifié Mohsin Fadhli d'"agent dangereux" dans une interview mercredi à la chaîne de télévision NBC. Elle a toutefois estimé qu'il était loin d'avoir le "prestige" de Ben Laden.

Les autorités américaines estiment qu'il a aussi joué un rôle de premier plan dans l'émergence d'Al Qaïda en Irak, sous le commandement d'Abou Moussab al Zarkaoui, dans les années 2005-2008. (Henri-Pierre André et Danielle Rouquié pour le service français)