(Commodesk) L'Argentine est récemment parvenue au troisième rang mondial des pays exportateurs de soja, pouvant ainsi pallier une demande européenne croissante, d'après une étude récente, menée pour le Parlement européen, par le groupe des Verts/Alliance libre européenne ("Die Grünen/EFA"). Les pâturages des pampas humides sont aujourd'hui remplacés par des champs de soja à perte de vue. En revanche, le nombre des producteurs a chuté d'un tiers.

Sur l'ensemble des professionnels, 200 à 300 se partagent les plus grosses exploitations, avec des superficies de plus de 100.000 hectares, qui sont détenues par des sociétés, des banques ou des fonds d'investissements. Et de plus en plus d'investisseurs étrangers s'intéressent à ce marché : déjà 13 millions d'hectares sont passés entre les mains de capitaux non argentins, sur un total de 32 millions d'hectares cultivés.

Dans la région altière de Salta, par exemple, où se trouve la fertile vallée de Lerma (au pied de la Cordillère des Andes, nord-ouest du pays), environ un million d'hectare appartient à des compagnies chinoises. Il y a encore quelques années, l'hectare agricole coûtait 2.000 dollars, il vaut désormais 24.000 dollars et la spéculation continue.

Le boom du soja argentin est l'une des conséquences de la sécheresse de 2008/2009, qui avait considérablement réduit le cheptel bovin de 10 millions de têtes, dans le pays. Il répond également à la demande mondiale et en particulier européenne. La majorité du soja produit en Argentine (50 millions de tonnes en 2010), mais aussi au Brésil et au Paraguay, est directement expédiée vers l'Europe, 80% sous forme de farine ou de tourteaux, 18%, d'huile.

"Et il existe un potentiel d'exploitation de 10 millions d'hectares supplémentaires", explique Miguel Calvo, président de l'Association argentine Acsoja, qui souhaite rattraper le Brésil, voire les Etats-Unis, respectivement deuxième et premier producteur mondiaux. En Patagonie, dans la zone très prometteuse du Cône Sud, Miguel Calvo annonce des perspectives de 150 millions de tonnes par an : "Nous sommes le secteur économique le plus dynamique d'Argentine".

Et les utilisations elles-mêmes évoluent, depuis que les responsables politiques ont imposé au moins 7, puis 10% d'agrocarburants dans l'essence. Une autre aubaine pour ceux qui misent sur le soja. A condition que les travailleurs agraires ne se révoltent pas. L'Argentine produit du soja pour six fois plus d'habitants qu'elle n'en a. Mais la filière ne crée aucun emploi : depuis la présidence de Carlos Menen (1989-1999), il y a 180.000 agriculteurs de moins.