Paris (awp/afp) - Après un début d'année morose et un été apathique, la Bourse de Paris a finalement profité d'un changement de tendance pour s'enhardir durant les toutes dernières semaines de 2016, laissant espérer un meilleur départ pour 2017.

"Contrairement à 2015, on a très mal démarré pour bien terminer", résume auprès de l'AFP Florence Barjou, responsable de la gestion multi-actifs chez Lyxor.

Au 30 décembre à la clôture, les gains du CAC 40 (depuis le 4 janvier, première séance de l'année), s'établissaient à 7,51% à 4.862,31 points, contre une progression de 8,53% en 2015. Une hausse comparable à celle de l'indice allemand, mais loin des records historiques signés de Wall Street ou de ceux de Londres.

L'indice phare parisien a même retrouvé les niveaux des 4.800 points qu'il n'avait plus atteint depuis début décembre 2015.

"Globalement, dans un environnement très compliqué, le marché actions s'en est bien sorti", estime néanmoins auprès de l'AFP Marco Bruzzo, directeur général délégué de Mirabaud AM France.

- Pronostics déjoués -

Et c'est donc dans un entrain prudent que le marché s'apprête à accueillir 2017, après avoir laissé derrière lui les incertitudes qui ont plombé 2016.

Car cette année chaotique aura déjoué tous les pronostics, ne cessant de surprendre les investisseurs qui ont dû attendre le quatrième trimestre pour voir un changement de tendance marqué.

C'est d'abord l'économie qui a pesé, avec, dès le début 2016, des craintes sur la santé économique des Etats-Unis et un ralentissement de la croissance chinoise. Le tout sur fond de chute des cours du pétrole, pesant fortement sur les titres liés au secteur.

"Du 1er janvier au 11 février, le CAC 40 a perdu 16%", rappelle à l'AFP Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM.

Peu à peu, les incertitudes économiques se sont néanmoins estompées, alors que de meilleures perspectives de croissance se profilaient à l'horizon et que les banques centrales intensifiaient leur soutien.

Au total, "les banques centrales ont apporté 1.600 milliards de dollars de liquidités contre 1.200 en moyenne ces dernières années", précise M. Rollin.

Le marché n'a pourtant guère eu le temps de souffler, l'instabilité politique prenant le relais. Le 24 juin, la victoire du "non" lors du vote sur le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne faisait ainsi plonger le CAC 40 de plus de 8%.

En revanche, lors de l'élection du républicain Donald Trump à la Maison Blanche en novembre, il n'aura fallu que quelques heures d'atermoiements à la Bourse de Paris pour rebondir, suivant l'exemple de Wall Street, les anticipations de relance budgétaire aux Etats-Unis sonnant la fin des craintes de déflation.

"A chaque fois le marché a été en capacité de rebondir, et de rebondir de plus en plus vite", résume M. Bruzzo.

Pour Mme Barjou, "c'est une année coupée en deux. Le déclencheur du rebond a été l'amorce de la hausse des taux obligataires, alors que le scénario de la déflation est maintenant presque écarté".

- "Envolée lyrique" -

"Depuis le 30 septembre, le CAC a rebondi de plus de 8%. Il y a eu une envolée lyrique du marché qui a rattrapé tout ce qu'il avait perdu sur les trois premiers trimestres", relève Marco Bruzzo.

Ce mouvement, qui s'est encore accéléré après le référendum italien début décembre, s'est accompagné d'une forte rotation sectorielle, laquelle a profité aux secteurs bénéficiant de la hausse des taux comme les titres bancaires, tandis que les valeurs dites défensives, que ce soit dans l'alimentaire ou l'immobilier, perdaient du terrain.

"La rotation a été d'une violence qu'on n'avait plus vue depuis la crise de 2009, notamment avec le secteur bancaire qui a surperformé", commente M. Bruzzo.

Et ce rebond pourrait encore se poursuivre, d'autant plus que la performance des indices américains a largement dépassé celle du CAC 40, laissant une marge de manoeuvre pour un rattrapage potentiel.

"Il y a un écart majeur avec le marché américain, alors que la situation fondamentale s'améliore. Le message de la Banque centrale européenne reste accommodant, les indicateurs sont à un point haut, les taux remontent mais de façon contenue", détaille Mme Barjou.

Dans ce contexte, l'élection présidentielle française ne devrait pas avoir énormément d'impact, estiment les analystes, sauf à voir une victoire d'un candidat anti-Europe.

afp/rp