PARIS (awp/afp) - Partagés entre le réconfort d'une économie qui va mieux et les questions générées par la réforme fiscale américaine ou les négociations sur le Brexit, les marchés européens se demandent encore quelle voie emprunter pour finir 2017.

"Les investisseurs sont un peu au milieu du gué en ce début décembre, car il y a autant de perspectives de bonnes nouvelles que d'actualités plus anxiogènes, parmi lesquelles il faut choisir son chemin", estime auprès de l'AFP Isabelle Enos, gérante au sein de la Gestion conseillée de BNP Paribas Banque privée.

"Ils sont donc partagés entre l'envie de prendre des bénéfices et d'acter ainsi dès maintenant l'évolution positive des indices depuis le début de l'année - près de 10% pour le CAC 40 par exemple - ou attendre pour profiter d'un éventuelle dernière montée des marchés au risque d'entamer les gains déjà accumulés", complète-t-elle.

"Novembre et décembre sont des mois où les investisseurs essayent de graver dans le marbre les performances de l'année", observe également auprès de l'AFP Vincent Juvyns, un stratégiste de JPMorgan AM.

"Actuellement il y a une prise de conscience de l'amélioration de l'environnement macroéconomique, mais cela ne se traduit pas par une euphorie des marchés européens qui ont déjà assez bien intégré ces bonnes nouvelles", ajoute-t-il.

Pour alimenter leur réflexion et sortir de ce dilemme de fin d'année, les investisseurs auront un certain nombre de statistiques à analyser la semaine prochaine, en particulier vendredi le rapport mensuel sur l'emploi américain en novembre.

Aux États-Unis toujours, les commandes industrielles en octobre ou l'indice d'activité dans les services (ISM) en novembre sont aussi attendus, tandis que la zone euro publiera notamment son commerce de détail en octobre.

"Ces chiffres vont donner aux investisseurs des indications sur la dynamique économique de fin d'année", souligne Mme Enos.

"Les évolutions de la réforme fiscale américaine vont aussi continuer à influencer l'état d'esprit des investisseurs", anticipe M. Juvyns.

L'enquête sur l'ingérence de Moscou dans la présidentielle pourrait aussi jouer les trouble-fête après l'annonce du plaider-coupable pour avoir menti au FBI de Michael Flynn, ancien conseiller de Donald Trump, qui a fait flancher Wall Street et les bourses européennes vendredi soir.

- Le poids de l'euro -

La politique européenne ne sera pas absente non plus. A Londres, le marché scrutera lundi le déjeuner entre la Première ministre, Theresa May, et le chef de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Tandis qu'à Francfort, l'impasse politique risque de continuer à miner la place.

"L'environnement économique reste fondamentalement sain et il y a toutes les raisons de penser que la croissance va continuer à accélérer en zone euro, toutefois le niveau de la devise reste à surveiller. En Europe, la semaine écoulée a d'ailleurs été difficile en raison du renforcement de l'euro", juge également M. Juvyns.

La remontée de la livre, liée à des espoirs d'avancées dans les négociations du Brexit, a aussi fait souffrir la Bourse de Londres.

"Il y a eu également une importante rotation sectorielle : les marchés ont plutôt acheté les perdants de l'année et vendu les gagnants, comme le secteur technologique", note M. Juvyns.

La distribution a été à l'honneur avec les chiffres de ventes "historiques" réalisés lors du long week-end de promotions du vendredi 24 (Black Friday) au lundi 27 novembre (Cyber Monday), avec notamment "50% des achats via des plateformes mobiles, marquant clairement une mutation de la consommation", analyse Mme Enos.

La semaine a aussi été marquée par la première intervention du futur président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, qui a rassuré les investisseurs par un discours dans la droite ligne de Janet Yellen, qu'il doit remplacer.

Car si les banques centrales ont été un peu moins au centre du jeu ces derniers temps, les investisseurs vont sans doute aussi commencer la semaine prochaine à compter les jours d'un calendrier de l'Avent bien à eux, en attendant une réunion de la Fed les 12 et 13 décembre, suivie le lendemain par celle de la Banque centrale européenne.

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