Paris (awp/afp) - Les marchés mondiaux étaient circonspects jeudi après les signaux envoyés par les banques centrales américaine et européenne, dont les politiques de resserrement monétaire continuaient d'inquièter les investisseurs.

Annoncées en hausse avant l'ouverture, les Bourses européennes ont finalement commencé la journée en petite baisse et s'enfonçaient dans le rouge dans la matinée.

Vers 07H30 GMT (09H30 HEC), Paris perdait 1,60%, Francfort 1,63%, Milan 1,85% et Londres 1,28%, avant la réunion de la banque centrale britannique.

En Asie, après une première partie de séance plutôt positive, Shanghai a finalement terminé en repli de 0,61%, Tokyo a grappillé 0,40%. Hong Kong cédait 1,95% dans les derniers échanges après une forte hausse la veille.

Mercredi, la Bourse de New York avait accueilli avec soulagement la détermination affichée par la Réserve fédérale (Fed) à lutter contre l'inflation. Le Dow Jones et le S&P 500 ont gagné plus de 1% tandis que le Nasdaq a grimpé de 2,5%.

Mais "les annonces ont été tout sauf accommodantes", commente Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote, qui voyait un "faux soulagement" dans la réaction positive des marchés.

La Fed a annoncé mercredi soir le relèvement de ses taux directeurs de 0,75 point de pourcentage, le plus fort tour de vis monétaire depuis 1994.

Il faut s'attendre à d'autres hausses du même ordre dans les mois à venir, notamment une augmentation de 50 ou 75 points de base fin juillet, selon la patron de la Fed.

La plupart des responsables de l'institution voient les taux grimper, d'ici à la fin de l'année, jusqu'à la fourchette de 3,25 à 3,50%.

"La Fed a montré que l'inflation était sa principale préoccupation", souligne Michael Hewson, analyste de CMC Markets, ce qui renforçait le dollar face à l'euro et à la livre ce jeudi.

Le billet vert prenait 0,44% par rapport à la monnaie européenne à 0,9615 euro pour un dollar et il s'échangeait à 0,8283 livre (+0,87%) pour un dollar vers 07H25 GMT.

Concernant les perspectives économiques, la Fed s'attend à une croissance économique moins forte que prévu cette année aux Etats-Unis, à 1,7%, contre 2,8% précédemment. Et nombre d'analystes s'attendent à une récession l'année prochaine.

"Jerome Powell a déclaré qu'il ne voyait +aucun signe+ d'un ralentissement général de l'économie. Mais il disait aussi que l'inflation serait transitoire l'année dernière", ironise Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote.

Ces mesures viennent s'ajouter aux signaux envoyés plus tôt mercredi par la Banque centrale européenne (BCE), qui a tenu une réunion d'urgence afin de calmer les tensions sur le marché de la dette des pays européens.

Jeudi c'est au tour de la Banque d'Angleterre (BoE) de discuter de sa politique monétaire.

Elle devrait annoncer une remontée de ses taux pour la cinquième fois consécutive, selon les analystes, et pourrait même sigaler un coup d'accélérateur pour ces hausses, avec une inflation à 9% sur un an en avril.

"La décision d'hier soir (de la Fed) augmente la pression sur la Banque d'Angleterre pour qu'elle suive le mouvement aujourd'hui avec une hausse d'au moins 50 points de base", commente Michael Hewson, analyste de CMC Markets.

Le ralentissement de l'activité économique pourrait cependant inciter la banque centrale britannique à la prudence. Le produit intérieur brut du Royaume-Uni s'est déjà contracté de 0,3% en avril.

"Il y a de plus en plus de risques que la BoE doive choisir entre les deux" maux: le ralentissement de l'activité ou l'emballement des prix, résume Robert Wood, analyste chez Bank of America.

La fast fashion souffre

La crise du pouvoir d'achat faisait chuter les titres "fast fashion" à Londres.

Asos dégringolait de 16,72% après de mauvais résultats et prévisions et Boohoo perdait 12%. Ils entraînaient à la baisse également JD Sports fashion (-5%) et Next (-4,47%).

Du côté du pétrole et du bitcoin

Les prix du pétrole étaient en petite hausse vers 07H20 GMT: le prix du baril de Brent de la mer du Nord avançait de 0,50% à 119,10 dollars et celui du baril de WTI américain montait de 0,86% à 116,30 dollars.

Le bitcoin se stabilisait (+0,66%) à 21.780 dollars.

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