Paris (awp/afp) - La Bourse de Paris, qui a stagné cette semaine, va, comme ses voisines européennes, progressivement se concentrer sur les entreprises avec le lancement de la saison des résultats aux Etats-Unis.

La semaine prochaine, les marchés vont être "plutôt tournés vers les entreprises avec les premiers résultats aux Etats-Unis", anticipe Aymeric Diday, directeur de la gestion sous mandat chez Pergam.

La première salve sera tirée mardi par le géant américain de l'aluminium et des métaux composites Alcoa, "très important par rapport au climat économique mondial", souligne Jean-Louis Mourier, un économiste du courtier Aurel BGC.

Les publications des grandes banques américaines sont aussi attendues, dans un contexte de défiance vis-à-vis de Deutsche Bank, "considérée comme systémique", c'est-à-dire comportant un risque pour l'ensemble du système financier, rappelle M. Mourier.

Toujours fébrile en raison des inquiétudes entourant la santé financière de Deutsche Bank, la Bourse de Francfort tentera d'ailleurs de retrouver une direction claire après une semaine de surplace.

A Londres, les investisseurs devront se contenter des résultats du groupe de télévision Sky. La dépréciation de la livre, qui a effectué un plongeon dans la nuit de jeudi à vendredi avant de se redresser, représente une bouffée d'air frais pour les grandes entreprises britanniques qui réalisent une grande part de leur activité et de leur profit à l'étranger.

Dans ce contexte, le marché boursier londonien paraît immunisé pour le moment contre les craintes grandissantes autour d'un "Brexit dur" relancées cette semaine.

Les investisseurs auront par ailleurs du grain à moudre côté indicateurs. Alors que les dernières statistiques en Allemagne se sont montrées de bon augure, ils chercheront confirmation de la bonne tenue de l'économie dans les chiffres du commerce extérieur pour août et le moral des investisseurs, calculé par le baromètre ZEW.

- Les banques centrales dans le viseur -

Outre-Atlantique, les ventes de détails et l'inflation retiendront notamment leur attention.

Ces chiffres seront analysés à l'aune du compte-rendu de la dernière réunion du Comité de politique monétaire de la banque centrale américaine (FOMC), publié mercredi, où les investisseurs chercheront des détails éventuels sur les discussions concernant le calendrier de remontée des taux directeurs de la Fed.

De leur côté, les créations d'emplois ont ralenti en septembre, décevant les analystes, tandis que le taux de chômage est légèrement remonté.

Pour autant, "le rapport sur l'emploi de septembre laisse la porte ouverte à une hausse des taux de la Fed en décembre", analysent les économistes d'UniCredit.

"Si les gros chiffres sont ressortis un peu moins bons que prévu, les détails sont solides", ajoutent-ils.

Cette semaine, des indicateurs d'activité "favorables" aux Etats-Unis ont aussi contribué à renforcer les "prévisions de hausse des taux", remarque M. Diday.

Les banques centrales ont par ailleurs continué d'être dans le viseur des marchés puisque des spéculations autour d'une possible réduction des achats d'actifs de la Banque centrale européenne (BCE), bien que démenties, ont alimenté les craintes des investisseurs, notamment sur le marché de la dette souveraine.

Nourrissant les anticipations de hausse des taux, ces rumeurs ont en revanche eu un effet positif sur le secteur bancaire, ce qui a contribué à soutenir la cote parisienne, relève M. Diday.

"La poursuite des mouvements sur le pétrole" qui a continué à grimper dans le sillage d'un accord à l'Opep la semaine précédente sur une réduction de la production d'or noir, a également "permis au marché de tenir", ajoute-t-il.

En dehors de ces éléments, estime cependant M. Mourier, le marché "manque de catalyseurs pour bouger des niveaux de valorisations actuelles".

afp/rp