Politiques monétaires accommodantes, saison des résultats exceptionnelle, données macroéconomiques robustes, voilà le cocktail détonnant qui a permis aux places financières d'enchaîner les records sur les 8 premiers mois de l’année. L’aversion au risque tend néanmoins à resurgir ces derniers jours alors que la Réserve Fédérale américaine envisage de réduire son soutien monétaire dès cette année.

La saison des résultats pour le second trimestre touche à sa fin et le bilan s’avère particulièrement encourageant. Pour les sociétés du S&P500, plus de 87% d’entre elles ont dépassé les attentes, avec des bénéfices qui progressent de plus de 88% au second trimestre, la meilleure performance depuis le quatrième trimestre 2009 (+109.1%).  En France, les grosses capitalisations se distinguent également, avec 57 milliards d’euros de profit au premier semestre. Les grandes entreprises françaises du CAC40 ont d’ores et déjà effacé la crise alors que les bénéfices avoisinaient 43 milliards d’euros au premier semestre 2019. Depuis le début de l’année, certaines valeurs affichent ainsi des performances exceptionnelles. Saint Gobain grimpe de 69%, Société Générale de 54%, Cap Gemini progresse de 51% et Arcelor Mittal de 48%. Seules ombres au tableau, Atos perd plus de 42%, Alstom 20% et Renault 12%.

Les opérateurs pourraient désormais lever le pied alors que le soutien monétaire de la Fed devrait rapidement se réduire, affaire à suivre lors du Symposium à Jackson Hole qui débutera le 26 août. La Réserve Fédérale a, en effet, jeté le froid lors de ses dernières « minutes », bon nombre de ses membres envisageant de réduire les achats d’actifs tandis que les objectifs en matière d’emploi devraient être atteints dès cette année. En juillet, le département du travail avait fait état de 943 000 créations d’emplois (330 000 dans le secteur privé), avec un taux de chômage qui tombe à 5,4%. Le PIB américain progressait quant à lui de 6,5% au second trimestre (première estimation). 

Que ce soit en Chine ou aux Etats-Unis, les dernières publications macroéconomiques montrent néanmoins quelques signaux de ralentissement. En Chine, la production industrielle progresse de seulement 6,4% et les ventes au détail de 8,5% (12,1% précédemment). Outre-Atlantique, les indicateurs d’activité dans le secteur manufacturier retombent (ISM, PhillyFed…) et les ventes au détail reculent de 1,1%. Ces dernières progressent de seulement 1,5% en zone euro (contre 4,1% le mois dernier). 
Avec la résurgence des craintes sanitaires qui pourraient peser sur la reprise économique à l’échelle mondiale, il convient donc d’opter pour la prudence, après la forte progression des marchés de ces derniers mois. La volatilité pourrait rapidement faire son retour. 

Graphiquement, le CAC40 a récemment tutoyé son record absolu de septembre 2000 (6944 points en séance), en enregistrant un plus haut annuel à 6913 points, avant d’amorcer un mouvement de consolidation. En données hebdomadaires, l’indice conserve une dynamique positive au-dessus des 6460 points. A plus court terme, le CAC40 montre des signes de fébrilité, avec la Fed et la correction des valeurs du luxe. L’enfoncement des 6500 points suggérerait l’amorce d’une consolidation de plus forte ampleur avec les 6300/6250 points en ligne de mire, niveaux correspondant au creux de mi-juillet. 
A moyen terme, la tendance de fond ne serait néanmoins pas remise en cause et un retour sur ces niveaux de prix serait l’occasion de revenir à l’achat avec un meilleur timing.