Paris (awp/afp) - Après une semaine en mode mineur, la Bourse de Paris, comme ses voisines européennes, va regarder du côté de la Banque centrale européenne (BCE) qui pourrait donner leur rythme aux marchés ces prochains jours.

Si les indicateurs ont occupé les investisseurs la semaine écoulée, le point d'orgue des jours à venir sera la réunion de politique monétaire de la BCE, le 8 juin à Tallinn, en Estonie.

Ce rendez-vous est particulièrement attendu par des investisseurs à la recherche d'éclaircissements sur la partition jouée par l'institution de Francfort, alors qu'une salve de chiffres discordants publiés récemment les a, par moments, laissés sur leur faim.

"C'est une semaine importante, avec cette réunion qui va précéder d'une semaine la réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed). Nous verrons la stratégie des banques centrales: si elles faiblissent un peu ou sont plus accommodantes, cela aura un impact sur le marché", explique à l'AFP Wilfrid Galand, responsable de la stratégie marché chez Neuflize OBC.

"Nous sommes sur un faux plat. Les marchés se retournent vers les banques centrales, en se demandant si l'environnement monétaire va changer, et à quelle vitesse il va changer, en Europe et aux Etats-Unis", ajoute le spécialiste.

La BCE devrait toutefois, selon les analystes, opter pour le statu quo encore une fois, maintenant ses taux d'intérêt à des niveaux historiquement bas tout en continuant à effectuer des rachats massifs d'actifs pour injecter des liquidités dans l'économie.

Car si les signes de bonne santé de l'économie se multiplient dans la zone euro, l'inflation reste instable, inférieure à l'objectif de 2% sur un anfixé par la BCE. Elle n'a ainsi atteint en mai que 1,4% sur un an, en net recul par rapport à avril, où elle avait atteint 1,9%.

Dans la configuration actuelle, "la BCE ne devrait pas souhaiter changer de fusil d'épaule, car sa politique a un effet positif sur l'économie européenne, avec une croissance en train de devenir robuste dans la zone euro", estime auprès de l'AFP Xavier Chapon, directeur de la gestion au sein de la société d'investissement AAIS.

L'EMPLOI AMÉRICAIN

Hasard du calendrier, la réunion de la BCE se tiendra le jour des élections législatives britanniques, convoquées par la Première ministre conservatrice Theresa May.

Le scrutin suscitait un regain d'inquiétudes outre-Manche, alors que des sondages montrent que le parti de Mme May pourrait ne pas obtenir une large majorité.

Or, les marchés espéraient jusqu'à présent que le parti au pouvoir jouisse d'une assise élargie avant les négociations sur le Brexit afin de limiter les risques associés au processus de sortie de l'UE.

La volatilité pourrait donc être de mise pour la livre et toucher par ricochet le marché boursier, qui n'aura par ailleurs que quelques indicateurs économiques de second rang à suivre.

Des indices PMI pour les services seront à l'agenda, tout comme l'ISM manufacturier britannique. L'industrie allemande donnera quant à elle des nouvelles de sa santé avec le niveau des commandes industrielles en avril, suivi par celui de la production industrielle sur la même période.

Néanmoins, "les chiffres importants sont ceux de l'emploi américain" publiés ce vendredi, rappelle Xavier Chapon, "alors que nous avons été relativement déçus par les chiffres macroéconomiques américains" récemment.

Or, si le taux de chômage aux Etats-Unis est tombé en mai à son plus bas niveau en 16 ans, les créations d'emplois ont été décevantes, bien inférieures aux attentes.

En dehors de ce chiffre, note M. Galand, les marchés ont eu à gérer un petit regain de risque politique en zone euro, avec la perspective d'élections anticipées en Italie dès le mois de septembre.

Outre-Atlantique aussi, la politique a marqué la semaine avec l'annonce par le président américain Donald Trump de la sortie des Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat.

"Cela n'a toutefois pas d'impact à court terme pour les marchés financiers", a commenté M. Chapon, alors que l'indice parisien a achevé la semaine sur une petite hausse.

afp/buc