(Actualisé avec précisions, contexte)

FRANCFORT, 10 mars (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) prépare le terrain à un dénouement très progressif de son programme de soutien massif à la croissance et résiste aux appels à des mesures plus radicales de la part de certains responsables de la politique monétaire, a-t-on appris vendredi de deux sources proches des discussions.

Certains décideurs de la BCE ont évoqué la possibilité d'augmenter les taux d'intérêt avant même la fin du programme de rachats d'actifs mis en place par l'institut d'émission, ont déclaré vendredi des sources à Reuters, confirmant ainsi une information d'abord révélée par l'agence Bloomberg.

La discussion a été brève et la proposition n'a pas reçu beaucoup de soutien, ont précisé les sources.

Les informations relatives à cette discussion, qui aurait eu lieu, selon Bloomberg, lors du conseil des gouverneurs de jeudi, ont fait grimper l'euro à un pic de trois semaines et progresser les rendements des obligations d'Etat allemandes, tandis que les indices boursiers européens ont réduit leurs gains, le Dax allemand étant même passé dans le rouge.

L'inflation en zone euro repart mais les perspectives économiques restent incertaines, notamment en raison des élections à haut risque attendues en France et en Allemagne. La BCE est donc prise en tenaille entre la nécessité de préparer le marché à un éventuel resserrement de sa politique monétaire et le risque de retirer trop rapidement son filet de sécurité.

Face à ce dilemme, elle devrait s'en tenir à affiner son discours et éviter de modifier sensiblement sa politique, en attendant le résultat de l'élection de mai en France et peut-être de septembre en Allemagne, disent les sources.

Un relèvement des taux directeurs de la BCE aurait principalement pour effet d'abaisser les pénalités imposées aux banques qui placent leurs liquidités au jour le jour auprès de la BCE, plutôt que de les prêter aux entreprises et aux ménages.

Les encours de crédit commencent à augmenter, quoique à un rythme lent, et les dégâts causés par la politique de taux négatifs sont devenus apparents, y compris pour la BCE.

Certains responsables de la banque centrale, notamment Jens Weidmann, gouverneur de la Bundesbank, ont appelé la BCE au moins à écarter toute nouvelle baisse des taux.

Les marchés financiers tablent désormais sur une hausse de taux l'an prochain et certains économistes en attendent même une avant cela. "A partir de juin, on pourrait assister à quelques changements, tels qu'une hausse du taux de dépôt", souligne l'économiste de Berenberg, Florian Hense. (Balazs Koranyi, Patrick Vignal et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)