E.ON progresse de 1,45% à 6,93 euros pour signer l'une des plus fortes progressions du Dax malgré la réalisation d'une augmentation de capital de plus de 1,3 milliard d'euros. L'opération, qui était attendue, est salvatrice. Les fonds levés serviront à financer les coûts de la sortie du nucléaire imposée par Berlin d'ici 2022. En janvier, E.ON avait annoncé son intention de verser 9,8 milliards au fonds public en charge de la gestion des déchets liés aux démantèlement des centrales. Selon l'accord passé en octobre, les utilities allemandes devront payer plus 23 milliards d'euros à ce fonds.

Concrètement, le livre d'ordres a été couvert avec un prix compris entre 6,71 et 6,72 euros, soit avec une faible décote (entre 1,76% et 1,6%) pour une opération qui augmente le flottant de l'électricien d'environ 10%. Hier soir, le titre E.ON a clôturé à 6,83 euros.

Cette réaction positive du marché était attendue par Goldman Sachs. Dans une note rédigée hier, la banque d'affaires d'américaine prévoyait en effet une revalorisation du titre après la réalisation de cette augmentation de capital. Confiant dans la capacité du groupe à réduire sa dette de 26,3 milliards d'euros et à faire progresser ses résultats, le broker avait confirmé sa recommandation d'Achat et son objectif de cours de 8,65 euros.

Mercredi, E.ON avait cependant reculé de 3,5% après que l'annonce d'une vaste restructuration ait relégué au second plan des résultats 2016 dégradés. Plongé comme son concurrent RWE dans une crise profonde, l'électricien allemand a accusé l'an dernier une perte de 16 milliards d'euros, supérieure à sa capitalisation boursière actuelle. Cette perte s'explique par les dépréciations liées à sa filiale Uniper. Pour résister à la sortie du nucléaire initiée par Berlin en 2011 et à l'essor de l'électricité renouvelable, E.ON a placé l'an dernier ses activités d'énergies conventionnelles au sein d'Uniper.

Dans son communiqué, E.ON rappelait aux investisseurs que 2016 était une année de transition. "L'impact sur notre bilan marque un tournant et dégage la voie d'E.ON vers le monde des énergies nouvelles", confirmait le PDG du groupe Johannes Teyssen.

Pour autant, cette stratégie de se recentrer sur les énergies renouvelables, le réseau et la distribution, ne se fera pas sans casse sociale. Pour tenter de rassurer des actionnaires qui ont vu le titre E.ON chuter de 62% en cinq ans (et de 95% depuis 2008), le groupe avait présenté un plan d'économies de 400 millions d'euros par an jusqu'en 2018 qui se traduira par la suppression de 1 300 emplois, doit 1 000 en Allemagne.

En parallèle, E.ON va engager d'importantes cessions d'actifs afin de réduire sa dette nette de 26,3 à 20 milliards d'euros à moyen terme.