(Répétition sans changement d'une dépêche publiée dimanche soir)

par Chuck Mikolajczak

NEW YORK, 1er juillet (Reuters) - Après une forte progression, qui a amené l'indice Russell 2000 à aligner trois records historiques au mois de juin, les petites capitalisations pourraient marquer quelques signes de ralentissement, susceptibles d'inciter certains intervenants à se demander si résistance leur ne serait pas en train de lâcher.

Après avoir touché des points bas le 8 février, l'indice Russell 2000 a grimpé de plus de 12%, en nette surperformance par rapport aux grandes capitalisations, avec un indice S&P 500 en hausse de 5,2% sur la même période.

L'indice Russell a toutefois interrompu vendredi une phase de huit semaines de hausse d'affilée, pour afficher sa plus forte baisse hebdomadaire depuis fin mars, ce qui pourrait être le signal de l'entrée dans une période moins faste.

"Nous avons une relation inversement proportionnelle entre la taille et la valeur, les valeurs de plus grandes taille sont plus attractives alors que les plus petites valeurs ne le sont pas", souligne Craig Callahan, président d'ICON Funds.

"Cela me rend sceptique sur la capacité des petites valeurs à conserver leur avance pour l'année à venir", ajoute-t-il.

Les investisseurs se sont précipités sur les petites valeurs cette année et la tendance s'est poursuivie dans la semaine qui vient de s'écouler. Selon les données de Lipper publiées jeudi, les fonds spécialisés dans les petites valeurs de croissance ont attiré 595 millions de dollars (509 millions d'euros) de capitaux, pour leur septième semaine d'affilée d'entrées nettes.

"La grosse affaire a été le montant investi dans les petites capitalisations en général, on a vu beaucoup d'argent arriver", note Steve DeSanctis, chargé de la stratégie chez Jefferies.

Les petites capitalisations sont devenues attractives pour les investisseurs pour plusieurs raisons. Parce qu'elle sont orientées essentiellement sur le marché intérieur, les investisseurs se disent qu'elles sont mieux protégées du risque de guerre commerciale que les grandes entreprises plus globales.

Le secrétaire américain au Trésor a démenti vendredi les affirmations du site Axios selon lesquelles Donald Trump voulait retirer les Etats-Unis de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC).

Leur orientation sur le marché intérieur est également bénéfique pour les petites valeurs du fait de la fermeté du dollar, qui peut affecter les bénéfices des multinationales. Après avoir reculé de près de 10% en 2017, le billet vert a rebondi au deuxième trimestre avec un gain de plus de 5% face à un panier de devises de référence.

Les petites entreprises devraient aussi profiter plus que les grandes des baisses d'impôts annoncées par l'administration Trump, leur taux effectif d'imposition passant à 21%, contre 28% actuellement, alors que celui des grandes capitalisations n'est que de 24% en moyenne, note Julian Emanuel de BTIG.

Il souligne toutefois que depuis l'an 2000, l'indice Russell a sous-performé le S&P de 1,1% au mois de juillet.

En outre, l'indice de confiance des petites entreprises de la National Federation of Independent Businesses était près de son record historique en mai, rendant un repli plus probable.

Malgré ces ventes contraires, les petites valeurs devraient relativement mieux performer que les grandes si les tensions commerciales persistent, dit Lori Calvasina, responsable de la stratégie sur les actions américaines chez RBC Capital Markets.

"Nous réalisons en 2018 que la rhétorique protectionniste de l'été 2016 est bien réelle. C'est une véritable philosophie de fond de cette administration et je ne pense donc pas qu'il soit déraisonnable de se positionner dans cette optique", dit-elle.

"Nous ne pensons pas qu'il y aura de gagnant en cas de guerre commerciale, mais à la question de savoir qui seront plus grands perdants - les petites valeurs souffriront moins."

(Juliette Rouillon pour le service français)