La semaine dernière, la place boursière américaine a enregistré sa meilleure performance depuis mars 2009 à la faveur notamment des espoirs de voir cette crise enfin résolue.

Si tout se passe selon les plans concoctés par Paris et Berlin, l'Union européenne aura en effet fait un grand pas vers une union budgétaire vendredi soir, avec un accord sur un changement des traités européens intégrant une plus grande discipline budgétaire des 17 pays de la zone euro.

Auparavant, toujours selon ce scénario idéal, la Banque centrale européenne (BCE) aura, jeudi, une nouvelle fois baissé ses taux d'intérêt pour éviter une retombée en récession et donner un peu d'air à des banques qui éprouvent des difficultés à se refinancer.

Mais, cette issue heureuse à la crise est loin d'être acquise tant Berlin et Paris divergent encore sur le rôle que doit jouer la BCE et sur la manière de contrôler les budgets nationaux des pays de la zone euro.

"La semaine prochaine, tout le monde sera focalisé sur le sommet de vendredi. Mais il ne faut pas oublier que nous en sommes déjà au quinzième sommet depuis (le début de) la crise de la zone euro. A chaque fois, les intervenants du marché s'enthousiasment avant l'échéance et après...c'est la déception", a déclaré Ken Polcari, directeur général chez ICAP Equities.

Wall Street a évolué en dents de scie depuis le début de l'automne au gré de l'évolution de la crise en Europe.

Alors que le S&P 500, indice de référence des gérants de fonds, a rebondi de 7,4% la semaine dernière, la volatilité reste élevée en raison de la sensibilité des investisseurs à toute mauvaise nouvelle en provenance d'Europe.

Mais le sentiment prédominant reste que les dirigeants européens ont pris la mesure de la crise.

L'EUROPE A SON LEHMAN

"Il y a des changements de politique qui suggèrent qu'ils ont enfin pris conscience du fait qu'ils avaient un gros problème", a noté Phil Orlando (Federated Investors)

"Ils réalisent enfin qu'ils vivent une épreuve de type Lehman et qu'il faut prendre des mesures d'une ampleur similaire à celles mises en place par les Etats-Unis au cours de la période 2007-2009."

Du fait, entre autres, des éventuelles conséquences d'une aggravation de la crise de la zone euro sur l'économie mondiale, les entreprises et les analystes financiers ne dressent guère un tableau très rose pour le court terme.

Sur les deux derniers mois, les estimations de croissance des bénéfices des composants du S&P 500 pour le quatrième trimestre ont chuté et le taux annonces négatives sur annonces positives d'entreprises est à un niveau très élevé, selon Thomson Reuters Proprietary Research.

Et même si les dirigeants européens annoncent des mesures susceptibles de plaire aux investisseurs, leur mise en place pourrait présenter des difficultés.

A ce stade, les coûts que doivent supporter des pays comme l'Espagne ou l'Italie pour se financer sont à des niveaux proches de ceux jugés soutenables pendant très longtemps.

"Peut-être que le marché a simplement progressé en raison de l'approche de la fin de l'année car, quelle que soit la solution qui sera trouvée, elle ne sera pas aisée à mettre en oeuvre", a dit Nicholas Colas (ConvergEx Group).

Sur le plan des indicateurs macro-économiques, le calendrier de la semaine est assez léger, avec l'indice ISM des services, les inscriptions hebdomadaires au chômage et la balance commerciale comme données les plus saillantes.

Benoit Van Overstraeten pour le service français