PARIS (awp/afp) - Après un coup de chaud vendredi dernier, les marchés boursiers européens se sont renfloués cette semaine, la BCE à leur chevet, même si le feuilleton du Brexit et des négociations commerciales pourrait freiner à court terme leur progression.

Dans les semaines qui viennent, nous avons "des risques d'essoufflement ou de journées comme vendredi dernier où nous avons assisté à une surréaction des marchés" à la baisse, résume auprès de l'AFP Esty Dwek, stratégiste marchés senior chez Natixis Investment Managers.

Mais "étant donné le mouvement haussier et sa vitesse depuis le début de l'année, c'est normal qu'il y ait une phase de consolidation", complète-t-elle.

La conjonction, il y a une semaine, d'indicateurs PMI mal orientés en zone euro et d'une inversion de la courbe des taux américains, le tout dans le sillage d'un changement de cap drastique de la Fed, avait créé un vent de panique passager, faisant dévisser les marchés actions et détendre nettement les rendements obligataires.

Mais entretemps, en Europe "l'indice Ifo du moral des entrepreneurs allemands a montré une amélioration et l'indice Insee de confiance des ménages français n'a pas été mauvais non plus", a détaillé auprès de l'AFP Nannette Hechler-Fayd'herbe, directrice des placements de Credit Suisse International Wealth Management.

Les données sur la confiance des consommateurs et les ventes de maisons neuves publiées ce vendredi aux Etats-Unis avaient également de quoi rassurer, même si l'inflation sur un an a continué à marquer le pas en janvier.

"Pour les Etats-Unis, nous sommes loin d'anticiper des risques élevés de récession", note Mme Hechler-Fayd'herbe, d'autant que les négociations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, même si elles n'opèrent "pas de grande percée, ne sont pas grippées non plus".

Pékin et Washington ont achevé vendredi un nouveau cycle de négociations à Pékin sans parvenir à un accord sur leur différend commercial, même si les discussions ont été jugées "constructives" par les Etats-Unis, et devraient se poursuivre la semaine prochaine.

Mais le marché profite surtout du soutien de poids des banques centrales, qui, des deux côtés de l'Atlantique, ont opté ces dernières semaines pour des politiques ultra-accommodantes, précipitant même le Bund en territoire négatif pour la première fois depuis octobre 2016.

"On ne croit plus que la Réserve fédérale américaine augmente ses taux cette année, et cela devrait aider l'économie", observe Mme Hechler-Fayd'herbe.

Nous avons désormais "un marché qui pense que le prochain mouvement de la Fed va être une baisse des taux en 2019", souligne pour sa part Mme Dwek.

La "telenovela" du Brexit continue

Côté européen, le président de la BCE Mario Draghi a indiqué cette semaine que l'institution pourrait remédier "si nécessaire" aux effets défavorables des taux négatifs pour l'économie, envoyant un signal positif aux banques qui se disent pénalisées par ces taux nuisant à leur rentabilité.

Dans ce contexte, le compte-rendu de la dernière réunion de la BCE, attendu jeudi, devrait être scruté de près, tout comme les indicateurs PMI manufacturiers définitifs de la France, de l'Allemagne et de la zone euro.

Les commandes industrielles pour février en Allemagne, ainsi que les ventes au détail et commandes de biens durables pour ce même mois aux Etats-Unis, avant les données de l'emploi américain pour mars, complèteront l'agenda.

Quant au Brexit, "c'est une sorte de +telenovela+ qui continue" mais "le point positif c'est que le Parlement britannique n'arrive pas à se mettre d'accord sur quoi que ce soit, si ce n'est sur le fait qu'ils ne veulent pas sortir de l'Union européenne sans accord", relève Mme Dwek.

Vendredi, les députés britanniques ont recalé pour la troisième fois le Traité de retrait de l'UE de la Première ministre Theresa May, laissant un Royaume-Uni en crise face à deux options: un Brexit sans accord le 12 avril ou un long report du divorce.

"Même si la probabilité d'un Brexit sans accord reste très faible, on ne peut pas écarter que les actifs britanniques soient soumis à une forte volatilité", en particulier en cas d'élections générales, prévient Mme Hechler-Fayd'herbe.

Parmi les entreprises qui seraient les plus touchées par un Brexit sans accord figurent celles du BPT mais aussi les banques et les compagnies aériennes.

Reste que, pour Mme Dwek, "à moyen terme, nous allons avoir une stabilisation de la croissance" avec des marchés qui "vont continuer à monter, même si ce ne sera pas à la vitesse de janvier".

"Nous avons de bonnes chances que les marchés se réorientent positivement" et "les négociations sur le commerce international vont déterminer la force avec laquelle ce cycle haussier reprendra", selon Mme Hechler-Fayd'herbe.

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