par Baptiste Cordier

"Le retrait du groupe de cosmétiques Clarins de la cote a initié un mouvement - ou au moins une réflexion - sur le rachat de minoritaires", déclare un trader spécialisé dans les valeurs moyennes.

Le groupe de cosmétiques a proposé de racheter des actionnaires minoritaires et se mettre à l'abri des spéculations récurrentes sur le titre et, plus généralement des contraintes inhérentes à une cotation. Ce mouvement de rachat des minoritaires avait déjà été observé en 2002-2003 après l'éclatement de la bulle internet, souligne Vincent Le Sann, responsable du bureau de recherche chez Portzamparc.

"Les sorties de cote sont actuellement possibles à faibles coûts après cinq années sans réelle amélioration des fondamentaux, des résultats ou de la trésorerie", confirme Arnaud Riverain, responsable de la recherche actions chez Arkeon. Sans établir de logiques sectorielles, l'analyste estime que ce genre d'opérations, facilité par un actionnariat familial, concernera plutôt des sociétés de services ou dans des niches de marché, et non des entreprises industrielles déjà très endettées.

En revanche, malgré le prix faible des actions, une multiplication des rachats de société est une hypothèse jugée peu plausible : "les actionnaires ont peu d'intérêt à vendre à des cours qu'ils jugent sous-évalués", rappelle Jean-François Descaves, gérant chez Financière de Champlain.

En clôture vendredi, l'indice CAC Mid100 perd 21,43% depuis le 1er janvier et le CAC Small90 28,82%, sous-performant le CAC 40 qui recule de 29,96%.

Vincent Le Sann rappelle que les valeurs moyennes ont annulé leurs quatre années de surperformance par rapport au reste du marché. Selon l'analyste, la crise des subprimes a servi de catalyseur pour un mouvement de correction, avec une forte décollecte des fonds en janvier puis une baisse des fondamentaux, en particulier une révision des prévisions de croissance, à la fin du premier trimestre. Le consensus de marché sur le bénéfice net par action des Small et Mid Caps a été divisé par deux depuis le 1er janvier passant de +16% à +8%.

PAS DE REPRISE AVANT MI-2009

"A court terme, la valse des publications va constituer un élément-clé pour le marché", souligne Arnaud Riverain en anticipant des déceptions par rapport aux bons résultats de fin 2007. "Les valeurs de la consommation ou de l'immobilier restent particulièrement affectées dans un marché qui manque de confiance", ajoute un trader.

"S'il ne faut pas s'attendre à une reprise sur le court terme, un nouvel effondrement des cours est peu probable car le prix des actions a déjà intégré le ralentissement économique", nuance toutefois Jean-François Descaves.

Selon Arnaud Riverain, un rebondissement sur les Small & Mid Caps d'ici à la fin de l'année est peu probable, alors que les investisseurs se positionnent en priorité sur les valeurs très liquides. "Les Small & Mid Caps ont chuté après les autres, plus durement et plus longtemps", constate un trader.

"Les valeurs moyennes seront les dernières à rebondir, probablement à la mi-2009, après la reprise sur les grosses capitalisations", estime Arnaud Riverain.

Vincent Le Sann confirme qu'il faudrait attendre le rebond de la croissance mondiale pour que les valeurs moyennes remontent durablement, sans nécessairement attendre selon lui la reprise du reste du marché.

Edité par Jacques Poznanski