LONDRES (Reuters) - Le nouveau ministre des Finances britannique, Jeremy Hunt, a annoncé lundi que le gouvernement allait revenir sur la quasi-totalité des mesures fiscales annoncées le 23 septembre par son prédécesseur dans le cadre du plan visant à doper la croissance économique du Royaume-Uni.

Selon Jeremy Hunt, les nouvelles mesures fiscales se traduiront par des recettes supplémentaires de 32 milliards de livres (36,78 milliards d'euros) par an alors que les estimations de l'équivalent britannique de la Cour des comptes ont fait apparaître un trou de 72 milliards de livres dans les projets gouvernementaux en passe d'être abandonnés, a rapporté le Sunday Times.

Le gouvernement entend également limiter les aides accordées en matière d'énergie, avec un plafonnement des prix qui s'arrêterait en avril 2023. Au-delà de cette date, le gouvernement cherchera d'autres solutions pour venir en aide aux ménages les plus modestes, a-t-il dit.

"Je reste extrêmement confiant quant aux perspectives économiques à long terme du Royaume-Uni pour réaliser notre projet de croissance", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée à la télévision. "Mais la croissance exige de la confiance et de la stabilité, et le Royaume-Uni assumera toujours sa part", a-t-il ajouté.

LA LIVRE MONTE, LES RENDEMENTS BAISSENT

Sur les marchés financiers, la livre sterling a accru ses gains et les rendements obligataires à long terme ont accentué leur repli immédiatement après les annonces de Jeremy Hunt, qui étaient initialement prévues dans deux semaines.

Vers 11h05 GMT, la monnaie britannique se traite à 1,1291 dollar, après être montée à 1,1332 dollar, tandis que le rendement des "gilts" à 20 ans reflue de 37,9 points de base après avoir perdu en séance jusqu'à 42 points de base à 4,439%.

Jeremy Hunt va rencontrer tous les secrétaires d'Etat cette semaine pour décider des futurs projets de dépenses, a annoncé par ailleurs les services de la Première ministre Liz Truss à l'issue d'une réunion de son cabinet.

Ces projets de dépenses seront soumis vendredi à l'Office for Budget Responsibility (OBR), l'organisme public indépendant de surveillance des finances publiques britanniques.

Le gouvernement s'emploie à restaurer la crédibilité économique du pays à la suite d'une tourmente financière déclenchée par la présentation fin septembre d'un "mini-budget" prévoyant des baisses d'impôts et des aides aux ménages et aux entreprises sans précisions sur leur financement.

Le "mini-budget" avait alors entraîné une chute de la livre sterling et une envolée des rendements des emprunts d'Etat, conduisant la Première ministre à limoger vendredi son ministre de l'Economie Kwasi Kwarteng, tandis que la Banque d'Angleterre était elle contrainte d'intervenir en urgence sur le marché obligataire.

(Reportage Andy Bruce et William James, version française Marc Angrand et Claude Chendjou, édité par Sophie Louet et Kate Entringer)

par William Schomberg, Kylie MacLellan et William James