L'Égypte a procédé à des arrestations massives et à des expulsions illégales de milliers de réfugiés fuyant la guerre au Soudan, a déclaré Amnesty International dans un rapport publié ce mercredi.

L'organisation a indiqué qu'elle avait recueilli des informations sur 12 incidents au cours desquels les autorités égyptiennes ont renvoyé un total estimé à 800 ressortissants soudanais entre janvier et mars de cette année, sans leur donner la possibilité de demander l'asile ou de contester les décisions d'expulsion.

Il a également indiqué avoir documenté en détail les cas de 27 réfugiés soudanais arrêtés entre octobre 2023 et mars 2024, dont 26 faisaient partie des personnes expulsées collectivement. Les réfugiés ont été détenus dans des conditions cruelles et inhumaines avant leur expulsion.

Le nombre total d'arrestations et d'expulsions n'est pas clair car il n'y a pas de statistiques disponibles publiquement. L'agence des Nations unies pour les réfugiés a déclaré que des milliers de personnes, dont de nombreux Soudanais, avaient été expulsées à la fin de l'année dernière.

Le service d'information de l'État égyptien n'a pas répondu immédiatement à une demande de commentaire.

Amnesty International a indiqué que le Conseil national égyptien des droits de l'homme avait nié ses conclusions concernant l'augmentation du nombre d'arrestations et d'expulsions de réfugiés soudanais, affirmant dans une réponse au groupe que les autorités respectaient le droit international.

Ces arrestations s'inscrivent dans le cadre d'une campagne qui a débuté en septembre 2023 et au cours de laquelle des policiers en civil ont procédé à des contrôles aléatoires sur des personnes de couleur noire, arrêtant celles qui ne portaient pas de documents d'identité ou de permis de séjour valides, a indiqué Amnesty International.

Ces contrôles sont fréquents dans la capitale, Le Caire, et dans sa ville jumelle, Gizeh, où un grand nombre de Soudanais se sont installés, ainsi que dans la ville d'Assouan, dans le sud de l'Égypte, où de nombreux réfugiés soudanais s'arrêtent lorsqu'ils se rendent dans le nord.

La guerre qui a éclaté en avril de l'année dernière entre l'armée soudanaise et les forces paramilitaires de soutien rapide a engendré la plus grande crise de déplacement au monde, avec plus de neuf millions de personnes fuyant à l'intérieur du Soudan ou traversant vers les pays voisins.

Selon l'Organisation internationale pour les migrations, plus de 500 000 personnes, soit environ 24 % de l'ensemble des personnes ayant quitté le Soudan, sont passées en Égypte.

Moins de deux mois après le début de la guerre, l'Égypte a suspendu l'engagement pris dans le cadre d'un traité d'accorder un accès sans visa aux femmes, aux enfants et aux hommes soudanais de plus de 49 ans, ce qui a eu pour effet de ralentir les entrées.

Les arrivées ont donné lieu à des tensions occasionnelles, certains Égyptiens reprochant aux Soudanais et à d'autres étrangers de faire grimper les prix des loyers, et les commentateurs de la télévision égyptienne évoquant le "fardeau" que représentent les millions de migrants en cette période d'inflation élevée et de pressions économiques.

Après l'aggravation de la pénurie de devises étrangères en Égypte l'année dernière, de nombreux Africains arrêtés parce qu'ils n'avaient pas de papiers en règle ont été détenus dans des conditions sordides et on leur a demandé de payer des frais en dollars pour éviter d'être expulsés, selon des avocats et des témoins.

Les États européens considèrent que l'Égypte joue un rôle important dans la prévention des migrations massives à travers la Méditerranée.

En mars, l'Égypte et l'Union européenne ont annoncé un partenariat stratégique soutenu par un financement de 7,4 milliards d'euros, un accord largement considéré comme motivé par les préoccupations européennes en matière de migration.