par Jonathan Gould et Jason Rhodes

Comme chaque année, les grands acteurs de la réassurance réunis à Monte-Carlo pour démarrer les négociations sur leurs tarifs ont plaidé pour la discipline et assuré qu'ils ne s'engageraient pas dans une concurrence acharnée, trop soucieux de préserver leur rentabilité technique.

Le numéro un mondial du secteur, Munich Re, a affirmé qu'il parviendrait à maintenir des prix stables, en général, lors des renouvellements de ses traités au début de l'année prochaine.

Il a aussi fait état de certaines hausses de prix après le naufrage d'une plate-forme pétrolière dans le golfe du Mexique et le tremblement de terre au Chili.

Le français Scor, numéro cinq mondial, s'est lui aussi voulu optimiste, tout en reconnaissant que les clients étaient durs en affaire.

"Nous espérons que les renouvellements de janvier se feront à des prix au moins stables, voire en légère hausse", a déclaré dimanche Denis Kessler, PDG du groupe, lors d'une conférence de presse.

Mais les courtiers, les agences de notation et certains observateurs industriels estiment que le cru 2011 devrait, pour la troisième année consécutive, se solder par une baisse des primes dans la réassurance dommage.

SOUPLESSE

Les compagnies d'assurance, qui transfèrent une partie de leurs risques aux réassureurs - notamment dans la couverture des catastrophes naturelles - sont souples sur la proportion des risques qu'ils veulent réassurer, en en achetant moins lorsque les prix sont élevés, souligne James Eck, analyste crédit senior à l'agence Moody's.

"Les assureurs ne veulent pas payer plus et il pourrait y avoir une importante résistance à la hausse des prix", relève-t-il, ajoutant que la plupart des assureurs suivis par l'agence de notation prévoyait d'acheter le même niveau de protection, voire moins, cette année par rapport à l'année précédente.

L'offre de réassurance joue aussi sur les prix et les réassureurs disposent d'importants excédents de capitaux pour pouvoir souscrire des risques après le redressement des marchés financiers intervenu en 2009.

Selon certaines estimations, l'industrie est surcapitalisée d'environ 13 milliards de dollars.

"Elle est surcapitalisée tant qu'il n'y a pas de sinistre majeur", relève Michael O'Halleran, président exécutif du numéro un mondial du courtage d'assurance Aon Benfield.

Pour Chris Klein, responsable des marchés mondiaux chez le concurrent Guy Carpenter, "un sinistre de 20 à 30 milliards de dollars pourrait stabiliser le marché".

Faute de quoi les tarifs devraient continuer de s'effriter en 2011, selon les observateurs du secteur, qui anticipent aussi de nouvelles pressions sur la rentabilité des réassureurs liées à la faiblesse des rendements de leurs actifs financiers.

Pascale Denis pour le service français, édité par Dominique Rodriguez