Rio de Janeiro (awp/afp) - L'inflation au Brésil a poursuivi son ralentissement en mai pour le 11e mois consécutif, à 3,94% sur un an, selon les données officielles publiées mercredi, de quoi alimenter la pression du gouvernement Lula sur la banque centrale (BCB) pour qu'elle baisse son taux directeur.

Le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva ne cesse de critiquer la politique monétaire de la BCB, qui maintient son taux directeur à 13,75%, le plus élevé du monde, freinant selon lui la reprise économique et le retour à l'emploi.

L'inflation sur 12 mois dans la première économie d'Amérique latine est la plus basse depuis octobre 2020. Elle s'était élevée à 4,18% en avril, quand la hausse mensuelle des prix était de 0,61%.

Cette hausse s'est révélée bien moins importante en mai, à 0,23%, d'après les chiffres de l'institut de statistiques IBGE. Les analystes consultés par l'enquête hebdomadaire Focus de la Banque centrale tablaient sur une inflation mensuelle de 0,37%.

Cela est dû notamment à une faible augmentation du prix des aliments (+0,16%, contre +0,71% en avril).

Et le coût du transport à même baissé le mois dernier (-0,57%), grâce notamment à une baisse du prix des billets d'avion et des carburants.

Les prévisions de l'enquête Focus pour l'inflation en 2023 ont été revus à la baisse, à 5,69%, un chiffre toutefois supérieur à l'objectif fixé par la BCB (3,25%, avec une marge de plus ou moins 1,5 point).

Mardi, Lula avait réitéré ses critiques sur le niveau du taux directeur, qui est maintenu inchangé par la Banque centrale depuis août. "C'est inexplicable que nous ayons le taux le plus élevé au monde. À quoi bon? Qui en tire des bénéfices?" s'est-il interrogé lors d'une cérémonie officielle dans son Etat natal du Pernambouc (nord-est).

Le président de la BCB, Roberto Campos Neto, avec qui Lula a engagé un bras de fer depuis le début de son troisième mandat présidentiel en janvier, a justifié cette semaine le maintien du taux directeur à 13,75% par le "fort endettement du gouvernement".

Gustavo Sung, économiste en chef du cabinet d'investissements Suno research, estime cependant que "le reflux important" de l'inflation en mai "peut contribuer à convaincre la Banque centrale" de réduire son taux.

Mais selon lui, cette réduction pourrait n'avoir lieu qu'en août, et non lors de la prochaine réunion du comité monétaire de la BCB, prévue dans deux semaines.

afp/al