par Ben Blanchard et Chris Buckley

Le ministère des Affaires étrangères, le ministère de la Défense et le bureau chinois des affaires taïwanaises ont tous averti les Etats-Unis que la vente d'armes à l'île, sur laquelle Pékin revendique la souveraineté, nuira aux relations entre les deux pays.

"Les Etats-Unis seront responsables de graves répercussions s'ils n'annulent pas immédiatement leur mauvaise décision de vendre des armes à Taïwan", a dit le vice-ministre des Affaires étrangères, He Yafei, à l'ambassadeur américain en Chine, Jon Huntsman.

A Washington, Laura Tischler, porte-parole du département d'Etat, a réagi en disant que "de telles ventes contribuent au maintien de la sécurité et de la stabilité dans le détroit de Taïwan".

Le gouvernement américain a informé vendredi le Congrès de ses projets de vente d'armements - hélicoptères et missiles antimissiles notamment - à Taiwan pour un montant de 6,4 milliards de dollars.

Pékin a annoncé quelques heures plus tard la suspension des relations militaires avec Washington, ainsi que l'interruption du dialogue sur les questions de sécurité stratégique, de contrôle des armes et de prolifération nucléaire.

"Il est inévitable que la coopération entre la Chine et les Etats-Unis sur d'importantes questions internationales et régionales sera aussi affectée", a dit le ministère des Affaires étrangères.

Washington compte sur l'aide de Pékin dans les dossiers des nucléaires iranien et nord-coréen ainsi que dans la lutte contre le réchauffement climatique.

"La Chine imposera également des sanctions proportionnées aux entreprises américaines qui vendent des armes à Taïwan", a-t-il ajouté.

Le ministère n'a pas nommé d'entreprises mais le constructeur de l'hélicoptère Black Hawk est Sikorsky Aircraft, filiale de United Technologies. Les missiles Patriot sont fabriqués par Lockheed et l'intégrateur de système par Raytheon.

DEVISES, DROITS DE L'HOMME, INTERNET ET TIBET

Cette querelle entre les deux géants vient s'ajouter à celles sur les droits de l'homme, les changes, Internet et le Tibet.

Le président américain, Barack Obama, pourrait rencontrer dans les prochains mois le dalaï-lama, le chef spirituel en exil des Tibétains, que la Chine qualifie de dangereux séparatiste.

La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a récemment attaqué la Chine dans un discours sur les restrictions de liberté sur internet, quelques jours après que Google eut menacé de quitter la Chine en raison de la censure et de cyberattaques.

Le président Hu Jintao est attendu aux Etats-Unis cette année pour une visite officielle.

Barack Obama a passé trois jours en Chine au mois de novembre, adressant des mises en garde concernant le commerce, les changes et le Tibet.

Les autorités taïwanaises ont estimé que la vente d'armes annoncée augurait du meilleur pour "une résolution à l'amiable des relations avec la Chine et aidera à promouvoir la paix dans le détroit de Taïwan".

Le Bureau des affaires taiwanaises, cité par l'agence officielle Chine nouvelle, a estimé que cela ne ferait qu'"attiser les flammes de l'indépendance taïwanaise" et serait "un obstacle au développement pacifique dans le détroit".

Sous l'impulsion du président Ma Ying-jeou, Taïwan cherche à calmer les tensions avec Pékin et à renforcer les relations économiques. Mais l'île s'inquiète aussi que la Chine puisse prendre un avantage militaire déterminant.

Les nationalistes de Chiang Kai-shek se sont réfugiés à Taïwan en 1949, face à l'avancée des communistes de Mao Zedong et depuis lors, Pékin exige de Taïwan qu'il accepte l'unification et menace de recourir à la force..

Les Etats-Unis sont le principal allié de Taïwan et ils se sont engagés à l'aider à se défendre dans le cadre d'un traité signé en 1979. Ils affirment que Taïwan a besoin d'armes pour avoir du poids dans ses négociations avec la Chine.

Version française Grégory Blachier et Clément Guillou