* La température bien supérieure à la moyenne du XXe siècle

* Elle se rapproche du seuil limite fixé par l'Accord de Paris

* La banquise à son plus bas niveau à cette période de l'année

par Alister Doyle

OSLO, 18 janvier (Reuters) - La température moyenne de la planète a établi un nouveau record à la hausse en 2016, pour la troisième année consécutive, ce qui s'est traduit entre autres par des canicules sans précédent en Inde et par une accélération de la fonte de la banquise de l'Arctique, ont rapporté mercredi des agences gouvernementales américaines.

La température moyenne de surface des terres et des océans a dépassé l'an dernier de 0,94° Celsius la température moyenne du XXe siècle (13,9° C), a indiqué la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration).

La Nasa a fait état de chiffres pratiquement identiques, et le Met Office britannique et l'Université d'East Anglia, qui étudient aussi les températures mondiales pour le compte des Nations unies, ont conclu que 2016 avait été l'année la plus chaude jamais enregistrée depuis le début des relevés météorologiques, dans les années 1880.

Les températures, qui ont augmenté à la fois du fait des émissions de gaz à effet de serre et du phénomène climatique El Niño, ont battu le record établi en 2015, année qui elle-même avait battu celui de 2014.

"Nous ne nous attendons pas à ce que le record soit battu tous les ans, mais la tendance au réchauffement, sur le long terme, est claire et nette", a déclaré Gavin Schmidt, directeur de l'Institut d'études spatiales Goddard de la Nasa.

Selon Piers Forster, climatologue à l'Université de Leeds, 2017 devrait être une année moins chaude que 2016, le phénomène El Niño ayant cessé. "Toutefois, à moins d'avoir une éruption volcanique majeure, je m'attends à ce que le record soit battu de nouveau dans quelques années", dit-il.

La NOAA a rendu publics ses chiffres à l'avant-veille de l'investiture du nouveau président américain, le républicain et magnat de l'immobilier Donald Trump, qui remet en question le fait que les changements climatiques en cours sont le fait des activités humaines.

"SIRÈNE D'ALARME"

"L'année la plus chaude de mémoire d'homme représente une sirène d'alarme claire et nette que même le président élu Donald Trump ne peut feindre d'ignorer", estime Mark Maslin, professeur de climatologie à l'University College London.

Donald Trump a menacé de revenir sur l'Accord de Paris sur la lutte contre le changement climatique, conclu fin 2015, et de relancer la filière charbon et hydrocarbures au détriment des énergies vertes.

Le niveau moyen des températures de 2016 se rapproche du seuil maximal fixé par l'Accord de Paris; ses signataires se sont engagés à limiter "bien en dessous" de 2° la hausse des températures par rapport à celles de l'ère pré-industrielle, et à tendre vers un objectif de 1,5°. Or, en tenant compte des derniers chiffres de la NOAA, la hausse est désormais de 1,1° par rapport à l'ère pré-industrielle.

Parmi les événements climatiques extrêmes de 2016, il faut citer les vastes feux de forêt de l'Alberta, qui ont été la catastrophe naturelle la plus coûteuse de l'histoire du Canada. A Phalodi, dans l'ouest de l'Inde, une température de 51°C a été enregistrée le 19 mai, un record absolu dans ce pays.

La Grande barrière de corail, au large de l'Australie, a continué de se détériorer fortement du fait de l'élévation de la température et du taux d'acidité de l'eau de mer. Actuellement, la superficie couverte par la banquise, que ce soit dans l'océan Glacial Arctique ou autour du continent Antarctique, n'a jamais été aussi réduite à pareille période de l'année.

"Les indicateurs à long terme de changements climatiques dus à l'homme ont atteint de nouveaux sommets en 2016", déclare Petteri Taalaas, directeur de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), en faisant allusion à la concentration de dioxyde de carbone et de méthane dans l'atmosphère. (Eric Faye pour le service français)