OSLO, 12 février (Reuters) - La Norvège risque de devoir puiser pour la première fois dans son fonds souverain de 860 milliards de dollars (756 milliards d'euros) l'an prochain en raison de la baisse des revenus du pétrole, et l'Etat devrait limiter ses dépenses, a déclaré jeudi le gouverneur de la banque centrale, Oeystein Olsen.

La banque dispose encore d'une marge pour assouplir sa politique monétaire mais la baisse des taux n'améliorera que temporairement la compétitivité du pays et le gouvernement devrait en profiter pour préparer la Norvège à la vie après le pétrole, a-t-il ajouté dans une interview accordée à Reuters.

"A un prix de 60 dollars le baril, les transferts (au fonds souverain) pourraient prendre fin", a dit Oeystein Olsen. "Le temps est venu de faire preuve de retenue."

"On pourrait être tenté d'augmenter les dépenses de l'Etat pour adoucir l'impact d'une baisse des prix du pétrole sur l'économie réelle", a-t-il ajouté. "Le risque étant que cela retarde la restructuration nécessaire pour le cas où les prix du pétrole resteraient faibles pendant une longue période."

L'énergie offshore représente un cinquième de la production de la Norvège et son secteur pétrolier est particulièrement vulnérable à la faiblesse des cours du brut dans la mesure où ses coûts de production figurent parmi les plus élevés au monde.

Des taux d'intérêt bas pourraient stimuler l'économie mais ils risquent aussi de gonfler encore un niveau de dette déjà élevé et la banque centrale pourrait être forcée en conséquence d'obliger les banques à freiner les crédits pour éviter une bulle sur le marché du logement, a-t-il dit par ailleurs dans un discours de politique monétaire.

La banque centrale n'envisage par de prendre des mesures non conventionnelles telles que l'assouplissement quantitatif et a l'intention de s'en tenir à son calendrier de six réunions par an. La Suède voisine a fait savoir jeudi qu'elle était prête à agir à tout moment, même en dehors de ses réunions planifiées.

L'Etat peut utiliser jusqu'à 4% du fonds chaque année. Bien qu'il dépense en réalité un pourcentage plus proche de 3%, Olsen a averti que ses rendements futurs pourraient être inférieurs à 3%, d'où le risque d'empiéter sur ses réserves financières. (Balazs Koranyi et Camilla Knudsen, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)