GENEVE, 3 février (Reuters) - La phase préparatoire des négociations de Genève sur le conflit syrien sera sans doute plus longue que prévu, a averti mercredi Bachar Djaafari, chef de la délégation gouvernementale.

"Il semble que la première phase des préparatifs prendra beaucoup plus de temps que prévu et nous ignorons quand elle s'achèvera", a-t-il déclaré dans le cadre d'un entretien accordé à Reuters.

"Nous ne savons pas qui seront nos interlocuteurs, à combien de délégations nous aurons affaire, ce que sera l'ordre du jour ni les noms des participants et, d'après les informations de de Mistura, beaucoup de gens doivent encore arriver."

Staffan de Mistura, envoyé spécial de l'Onu, a annoncé lundi en début de soirée l'ouverture officielle de ces discussions indirectes entre les représentants du gouvernement et de l'opposition.

"Les discussions officielles n'ont malheureusement pas encore commencé. Nous parlons encore des modalités", a poursuivi Bachar Djaafari.

"Je ne peux pas vous dire grand chose sur ce qui se trame parce que nous attendons Godot et que Godot n'est pas encore arrivé", a-t-il ironisé, évoquant la pièce de Samuel Beckett dont les protagonistes attendent en vain la venue de ce Godot.

Staffan de Mistura avait laissé entendre la veille qu'il s'agissait des discussions de la dernière chance. "Si on assiste à un échec cette fois-ci, après deux tentatives de conférences à Genève, il n'y aura plus d'espoir pour la Syrie. Nous devons absolument faire en sorte que ce ne soit pas un échec", a-t-il déclaré à la chaîne suisse RTS.

VINGT-DEUX VILLES ASSIÉGÉES

Riad Hidjab, coordinateur du Haut Comité des négociations mis sur pied par l'opposition, est arrivé à Genève et l'émissaire de l'Onu l'a rejoint à l'hôtel où se trouve sa délégation.

Le HCN avait annulé la veille son entrevue avec Staffan de Mistura en accusant la Russie de mettre les négociations en péril par une campagne de bombardement sans "précédent" dans les provinces d'Alep et de Homs.

Interrogé sur les exigences de l'opposition concernant la levée du blocus de villes telles que Mouadamiya, Bachaar Djaafari a assuré que les autorités syriennes autorisaient régulièrement le passage de convois humanitaires.

L'Onu avait annoncé dimanche que les forces gouvernementales assiégeaient à nouveau cette ville de 45.000 habitants située dans les faubourgs sud-ouest de Damas.

"Nous ne pouvons pas faire du couper-coller avec les intérêts du peuple. Tout est important en Syrie. Tout est prioritaire pour nous. Mouadamiya (...) a été choisie dans le cadre d'une campagne de communication lancée par la soi-disant opposition", a ajouté le chef de la délégation syrienne.

Mohamed Allouch, délégué de l'influent groupe rebelle Djaïch al Islam, a quant à lui jugé que le feu vert du gouvernement au passage d'un convoi d'aide humanitaire vers la ville était très insuffisant.

"C'est une mesure destinée à faire taire le peuple syrien", a-t-il déclaré à Reuters. "C'est une bonne mesure, mais ce n'est pas suffisant et le problème n'est pas limité à Mouadamiya. Le problème, ce sont les 22 villes assiégées."

(Kinda Makieh, Jean-Philippe Lefief pour le service français)