* Nouveaux records sur les indices actions

* Le dollar sous pression, Donald Trump dans la tourmente

* Echéances électorales au Royaume-Uni et en France

* La BCE pourrait modifier légèrement son discours

par Blandine Henault

PARIS, 5 juin (Reuters) - Après un mois de mai favorable sur les actions, les marchés ouvrent une nouvelle séquence cette semaine avec le retour des échéances électorales en Europe et les décisions très attendues de politique monétaire des grandes banques centrales.

Cette nouvelle dynamique intervient dans un contexte d'optimisme sur l'économie, en dépit de la publication vendredi d'un rapport sur l'emploi moins bon que prévu aux Etats-Unis. . La semaine dernière a été marquée par de nouveaux records pour les indices actions mondiaux, l'indice global MSCI ACWI touchant un plus haut historique.

"Le soulagement lié au résultat de l'élection présidentielle française s'est poursuivi en mai sur les actions. Ce résultat, combiné à la probabilité croissante d'un renforcement de la reprise cyclique mondiale et à des révisions positives sur les attentes de bénéfices des entreprises, a propulsé le Footsie 100, le Nasdaq et le S&P 500 vers des plus hauts jamais atteints", constatent les stratèges de Citigroup.

Malgré la déception sur les chiffres des créations d'emploi aux Etats-Unis - seulement 138.000 en mai contre 185.000 attendues -, une nouvelle hausse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) lors de sa réunion de politique monétaire des 13 et 14 juin reste largement anticipée.

Le dollar, en repli sur l'ensemble de la semaine écoulée, en profite toutefois peu. Au-delà de la déception sur des indicateurs macroéconomiques, le billet vert est pénalisé par les doutes entourant la présidence Trump et ses multiples controverses.

TRUMP FACE AU TÉMOIGNAGE DE COMEY

Dans l'attente de la prochaine réunion de la Fed, les opérateurs de marché feront face cette semaine à un agenda pauvre en indicateurs économiques outre-Atlantique et marqué essentiellement par l'audition de l'ex-directeur du FBI James Comey, jeudi.

"James Comey pourrait bien avoir choisi la semaine parfaite pour maximiser l'audience autour de son témoignage très attendu", relèvent les stratèges de ScotiaBank.

L'ancien directeur du FBI témoignera devant la commission du Renseignement du Sénat américain dans le cadre de l'enquête sur l'ingérence de la Russie dans la campagne présidentielle américaine de 2016 et sur une possible collusion entre des responsables russes et des membres de l'équipe de campagne de Donald Trump.

Cette audience pourrait alimenter les doutes sur la capacité du locataire de la Maison blanche, décrié en outre pour sa décision de sortir de l'Accord de Paris sur le climat, à mettre en oeuvre les réformes économiques et fiscales promises.

Le même jour, deux autres événements importants interviendront conjointement en Europe, à savoir la réunion de la Banque centrale européenne (BCE) et les élections législatives au Royaume-Uni.

Ce qui devait être une formalité pour la Première ministre Theresa May pourrait bien s'avérer plus compliqué que prévu. Les derniers sondages ont montré un réduction importante des intentions de vote entre le Parti conservateur au pouvoir et le Parti travailliste.

Les résultats du vote britannique ne devraient être connus que jeudi tard dans la nuit, mais la montée des incertitudes a d'ores et déjà pesé sur la livre sterling, qui vient de signer une semaine chaotique.

En France, le résultat du premier tour des élections législatives qui se tient dimanche sera connu dans la soirée. Les opérateurs de marché surveillent avec attention ce scrutin qui déterminera la marge de manoeuvre dont disposera le nouveau président Emmanuel Macron pour réformer le pays.

Selon un sondage Ipsos Sopra Steria pour Le Monde et le Cevipof publié vendredi, La République en marche (LREM), le mouvement d'Emmanuel Macron, fait la course en tête dans les intentions de vote pour les législatives des 11 et 18 juin et s'oriente vers une très large majorité au soir du second tour.

CHANGEMENT DE DISCOURS ATTENDU POUR LA BCE

Grand rendez-vous de la semaine, la réunion de politique monétaire de la BCE, jeudi, devrait être l'occasion pour la banque centrale de commencer à acter l'amélioration économique perçue en zone euro.

Selon une enquête Reuters, cette dernière devrait se montrer un peu plus optimiste sur l'économie de la région et pourrait considérer que les risques entourant les perspectives d'activité sont désormais équilibrés. La BCE pourrait même commencer à débattre d'un abandon de la référence au biais accommodant de sa politique monétaire.

"Le dernier compte-rendu de politique monétaire de la BCE a montré qu'il existait toujours une division importante au sein du conseil concernant le séquençage et le calendrier d'une sortie de la politique accommodante", notent toutefois les stratèges de Scotiabank.

"Au vu des indicateurs contradictoires publiés ces deux derniers mois, cela pourrait être à nouveau le cas pour cette réunion. Cela laisse de la place à un léger ajustement de la communication avancée de la BCE mais pas plus", estiment-ils.

Si les récents indicateurs avancés sur la confiance des acteurs économiques et sur l'activité du secteur privé montrent une amélioration de la conjoncture européenne, l'inflation reste poussive en zone euro.

Les données préliminaires pour le mois de mai publiées mercredi dernier sont ressorties en dessous des attentes et ont montré un ralentissement du rythme de la hausse des prix à 1,4% contre 1,9% en avril.

Aux Etats-Unis, l'inflation calculée sur une base mensuelle a en revanche rebondi en avril. L'indice d'inflation PCE, très suivi par la Fed, a progressé de 0,2% ce mois-là, après une baisse de 0,2% en mars.

"La croissance sans inflation est bien évidemment un environnement idéal pour les investisseurs actions", ont souligné cette semaine les stratèges de Kepler Cheuvreux dans leur note de recherche.

Ce scénario, selon eux, ne devrait pas durer. Ils tablent sur une accélération de l'inflation au niveau mondial au second semestre, ce qui devrait conduire dans le même temps à un regain du "reflation trade" sur les marchés. (édité par Patrick Vignal)