En gestion de portefeuille, une allocation classique consiste à investir 60% de son capital en actions et 40% en obligations. Pour un investisseur américain, cela revient à acheter du S&P 500 et des bons du Trésor. L’idée sous-jacente de cette allocation 60/40 est de minimiser le risque, les bons faisant office de coussin amortisseur en cas de baisse des marchés actions. Voilà pour la théorie.

En pratique, les choses se sont quelque peu compliquées en 2022 lorsque ces deux classes d’actifs ont baissé en même temps en raison de l’envolée de l’inflation et du cycle de resserrement des taux qui a suivi par les différentes banques centrales. Puisque le prix des obligations évolue en sens opposé à celui des rendements, toute hausse de taux pèse mécaniquement sur la performance boursière du compartiment obligataire. Il existe un point de bascule entre le taux sans risque (emprunts d’Etats) et le rendement du marché actions. A rendement identique, pourquoi privilégier une classe d’actif risquée (les actions) lorsque l’on peut dormir sereinement sur ces deux oreilles (je défie au passage quiconque d’y arriver, même avec les oreilles décollées) et encaisser à intervalle régulier ses coupons ?

Des taux élevés sont le rêve des rentiers et le cauchemar des emprunteurs !

FRED

Une manière d’illustrer le propos consiste à regarder le coût d’un emprunt immobilier pour un acheteur américain. En l’espace de deux ans, le taux à 15 ans est passé de 2.10% à 6.78%. Pour faire simple, si vous avez un taux variable sur votre crédit, cela signifie que vous devez rembourser à votre banque trois fois plus qu’il y a deux ans. Une situation intenable pour nombre de ménages endettés. Sans compter la hausse des produits alimentaires et de l’énergie…

La courbe des taux, un facteur d’influence

Il existe une autre variable à prendre en compte : l’intérêt des banques pour accorder un crédit à leurs clients. Vous l’avez sûrement lu ou entendu, les conditions d’accès au crédit se sont nettement durcies, notamment pour les primo-accédants. L’une des principales explications est la courbe de taux, soit l’écart de rendement entre les taux courts et les taux longs. Plus l’écart est important, plus les banques sont incitées à accorder des crédits. Or, cet écart est actuellement négatif ce qui grippe considérablement la mécanique.

TAUX

Source : Bloomberg

Le graphique ci-dessus montre l’impact passé d’une inversion de courbe sur la performance des actions. Attention toutefois, il existe un délai qui varie de 6 à 24 mois (!) entre le début de l’inversion et l’impact sur l’économie. On surveillera donc la moyenne mobile 40 semaines (200 jours) en clôture mensuelle pour considérer qu’il est temps d’alléger son portefeuille.