par Kate Abnett

BRUXELLES, 2 juillet (Reuters) - Le PPE, plus grand et plus ancien groupe du Parlement européen, va tenter d'assouplir le projet d'interdiction des véhicules thermiques en Europe en 2035, montre un projet de document.

Le groupe du Parti populaire européen est venu en tête de tous les groupes parlementaires européens, lors des élections au Parlement européen le mois dernier, décrochant 180 des 720 sièges et renforçant son influence sur l'assemblée européenne.

Au cours d'une réunion cette semaine au Portugal, les députés du groupe discutent des priorités politiques de la prochaine mandature de cinq ans du Parlement européen.

Dans un projet récapitulant ces priorités, que Reuters a pu consulter, figure notamment l'objectif de "réviser les règles de réduction du CO2 pour les voitures neuves et les utilitaires neufs afin d'autoriser l'utilisation de carburants alternatifs zéro émission au-delà de 2035."

Dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, l'Union européenne a décidé l'an dernier d'interdire d'ici une dizaine d'années les ventes de toute nouvelle voiture émettant du CO2, principal gaz à effet de serre, mettant fin de facto à la commercialisation des véhicules utilisant un moteur essence ou diesel.

La Commission européenne avait toutefois promis un cadre juridique permettant de poursuivre au-delà de 2035 la vente de véhicules thermiques ne pouvant utiliser que des "e-fuels", ou carburants synthétiques plus vertueux en CO2 que les carburants fossiles. L'Allemagne a notamment demandé une telle exemption.

En France, l'association représentant le secteur, la Plateforme de la filière automobile (PFA), et le gouvernement se sont eux aussi déclarés favorables aux e-fuels, notamment pour décarboner le parc existant, dans une feuille de route présentée en mai 2023.

Interrogé sur le projet du PPE, un porte-parole de la PFA a refusé de faire un commentaire.

Le groupe parlementaire européen n'a pas précisé dans quelle mesure la politique européenne sur les émissions automobiles de C02 pourrait être amendée, mais le document indique que le PPE veut "réviser l'interdiction sur les moteurs à combustion et développer les technologies de moteurs à combustion dernier cri."

Si ce document préliminaire sert de base au PPE, il exercera une pression sur la présidente de l'exécutif européen Ursula von der Leyen - elle-même membre du groupe - quant à sa gestion de l'agenda vert de l'Union.

Si elle veut décrocher un second mandat à la tête de la Commission, elle a besoin des voix du PPE pour s'assurer une majorité, mais doit aussi convaincre les Socialistes et les Démocrates, vent debout contre toute tentative d'assouplir la stratégie européenne de lutte contre le changement climatique. (avec Victoria Waldersee à Francfort, Gilles Guillaume pour la version française, édité par Camille Raynaud)